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samedi 4 janvier 2014

4 janvier 1960: Une mort absurde.


L'écrivain Albert +Camus trouve la mort le 4 janvier 1960 dans un accident de voiture.

Albert Camus est né en 1913, en Algérie Française, dans une famille modeste. Son père, ouvrier agricole, meurt en 1914 au front; sa mère, femme de ménage est analphabète.
 



Après l'obtention d'une bourse pour le lycée d'Alger, Camus poursuit ses études en philosophie à l'université, études troublées par des problèmes de santé liés à la tuberculose.

Pendant l'occupation, Camus assume la rédaction en chef du quotidien clandestin résistant, Combat.

Ses principales oeuvres sont L'Etranger, La Peste, La Chute, pour les romans, Le mythe de Sisyphe, L'Homme Révolté pour les essais et Caligula pour le théâtre.

Camus aborde dans ses écrits, la solitude de l'homme, l'absurde, l'engagement, les rapports entre morale et politique.

 
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Avant de lire deux extraits, retenons trois citations de l'écrivain récompensé par le prix Nobel de littérature en 1957: 

 "Les hommes doivent porter la responsabilité de leurs privilèges."

"L'argent a des devoirs."

"Il n'y a ni justice ni liberté possibles lorsque l'argent est toujours roi."
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Voici un extrait d'un article paru dans le journal Combat, en réaction au lancement de la première bombe atomique américaine sur le Japon, le 6 août 1945. Les vœux d'Albert Camus d'une "véritable société internationale" ne seront pas exaucés.

Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football.

Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.


 En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d'abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d'aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d'idéalisme impénitent, ne songera à s'en étonner.


 Les découvertes doivent être enregistrées, commentées selon ce qu'elles sont, annoncées au monde pour que l'homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces terribles révélations d'une littérature pittoresque ou humoristique, c'est ce qui n'est pas supportable.


 Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive. On offre sans doute à l'humanité sa dernière chance. Et ce peut-être après tout le prétexte d'une édition spéciale. Mais ce devrait être plus sûrement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de silence.(...)


Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d'Hiroshima et par l'effet de l'intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État.


Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison. 


 Albert Camus, Editorial du 8 août 1945 du journal Combat.

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Par les temps présents et les récentes polémiques concernant les gestes de ralliement des "admirateurs" de Dieudonné, il serait bon de relire La Peste dont nous proposons ici la fin. L'histoire des hommes est un éternel recommencement.  
« Ecoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. »
Albert Camus, La Peste, 1947.
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Enfin, pour ceux qui veulent poursuivre encore un peu avec Albert Camus, voici un lien vers un extrait de L'Homme Révolté: Un homme qui dit non.

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