Google+ Article deux: juillet 2015

vendredi 17 juillet 2015

Résistance par le Silence.

Quand on demande l'avis d'un peuple, que l'on met au vote les orientations politiques, sociales, économiques de son pays ou de l'entité supranationale à laquelle il appartient, qu'il subit une propagande tenace et un bourrage de crâne permanent et que malgré tout il s'oppose clairement aux dogmes que l'on veut lui faire accepter,... on nie purement et simplement son choix, l'expression de son opinion.
On se rend compte au niveau européen que ce déni de démocratie est la règle: France, Pays-Bas, Irlande, Grèce...
Ensuite, on fait semblant de s'étonner des niveaux d'abstention records des scrutins, de la montée des partis extrémistes... tout en culpabilisant le citoyen de son irresponsabilité.
Si le respect du suffrage est bafoué, que reste-t-il aux citoyens pour faire entendre leurs voix, leurs mécontentements, leurs avertissements?
Le peuple est muet en effet. Sage? Assagi par l'habitude de la pratique du régime démocratique? Assurément, il est las d'être trahi, trompé. Il ne réagit même plus ou si peu à ces graves manquements. La devise de nos dirigeants, de nos députés devient : «qui ne dit mot consent».
Nos dirigeants agissent comme s'ils testaient les limites des citoyens. Force est de constater qu'elles sont immenses mais certainement pas infinies. Jusqu'à quand vont-elles tenir? Les conditions d'existence, ou plutôt de survie, devraient être un peu plus prises en compte par nos élus...On ne sait jamais...
La démocratie n'est plus qu'une illusion, en admettant qu'elle ait existé réellement un jour...
On fait semblant de respecter des règles qui n'ont jamais été écrites que pour calmer des aspirations populaires au bien être, donner de l'espérance, affronter un quotidien toujours difficile... mais finalement surtout pour toujours satisfaire les intérêts d'une seule et même classe. Si les bons principes et les bons sentiments animant le système démocratique ont été sincères à un moment, il est clair qu'ils ont été détournés au profit de quelques-uns...
L'Ancien Régime est-il si loin?
Quand le jeu est faussé, quand le mensonge, la trahison, le mépris des règles sont récurrents, restez-vous dans la partie?
Et si l'on prônait la désobéissance citoyenne...?
Si l'on refusait de participer à cette mascarade tant que nos véritables principes républicains ne sont pas correctement appliqués? Certains sont déjà dans cette action depuis longtemps. Qualifiés d'adeptes de la pèche, peut-être sont-ils finalement beaucoup plus politisés que nos médias et experts-analystes-politiques veulent bien nous le faire croire.
Si l'on passait de l'implicite à l'explicite?
Un seul mot d'ordre: «retour aux sources». Un seul slogan: «non».
Une abstention revendiquée, proclamée, assumée. Une abstention symbole de résistance, symbole de la reconnaissance du peuple, de sa souveraineté.  La prise de conscience d'une unité permettant la décrédibilisation définitive des institutions malmenées par les sempiternels professionnels de l'élection.
Ne leur permettons plus de se servir de l'abstention comme d'un moyen d'asseoir leur pouvoir. L'abstention est une arme qui peut se retourner contre eux.
Sinon quelle alternative?
Une Ump ou LR engluée dans les affaires et les batailles d'ego et qui a déjà montré son incompétence...?
Un PS aux composantes idéologiques internes antinomiques et une soumission aux principes défendus par ses opposants...?
Un FN parti familial anti démocratique, il y a peu ultra libéral économiquement et aujourd'hui faussement étatique à des fins électoralistes...?
Un Front de Gauche dont le fer de lance justifie des régimes dictatoriaux à l'étranger et dont l'équivalent en Grèce vient de trahir lui aussi l'expression populaire...?
Une extrême gauche qui n'aspire absolument pas à gouverner et qui se compromet sur le principe de laïcité...?
Un centre traditionnellement, idéologiquement, historiquement soumis à la droite...?
Des partis écologistes reniant leurs idéaux pour des places...?
Que nous reste-t-il? Imposons une autre voie, d'autres voies, par le biais, dans un premier temps, du silence...  Ils nous méprisent. Méprisons-les.
Que vaudra un mandat obtenu avec 80% d'abstention? ou plus? Quelle légitimité pourrait bien avoir une assemblée avec un tel niveau du refus volontaire du scrutin?
Vous savez bien que certains députés érigent en courage le fait de s'abstenir de voter dans l'hémicycle. Vous savez bien que certains députés n'honorent même pas la représentation nationale de leur présence...
Le pouvoir nous appartient... paraît-il... Faisons leur comprendre...
"Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen" disait Alain. D'abord la Résistance. Ensuite l'obéissance.
Résistance ne rime pas forcément avec violence.
Au prochain déni, elle y passe...  

lundi 6 juillet 2015

"Fraternité européenne"



Réussir à faire détester l'idée d'une Union européenne aux peuples qui la composent et qui sont pourtant convaincus de sa nécessité; 

réussir à créer de l'animosité entre ces mêmes peuples, en paix depuis si longtemps peut être pour la première fois dans leur l'histoire;

réussir cela en restant sourds aux avertissements et aux revendications qu'elles soient politiques, économiques, sociales de vos citoyens, 

réussir cela en trahissant ceux qui vous ont pourtant délégué leur souveraineté avec confiance...

Chapeau bas messieurs les technocrates!
Chapeau bas messieurs nos dirigeants nationaux démocratiquement élus!

Votre conception de la démocratie est en train de détruire une belle idée construite sur les ruines de la Deuxième guerre mondiale. Et si vous vous rappeliez qu'elles étaient les circonstances de la naissance de l'Europe? N'étaient-elles pas plus difficiles qu'aujourd'hui à tous les points de vue? N'avez-vous vraiment pas d'autres moyens d'actions, d'autres objectifs que ceux de la finance et de l'ultralibéralisme?

Après le peuple français en 2005 et sans oublier les peuples irlandais et hollandais, que vous avez superbement ignorés et humiliés, montrant là une bien étrange application du mot compromis, le peuple grec vous rappelle encore en 2015 la définition du mot Démocratie.

Il serait sans doute temps d'écouter ce nouvel avertissement ou à vos risques et périls d'avancer au moins au grand jour et de ne plus vous cacher derrière ces belles idées d'Europe et de Démocratie.

Et si vous manquez d’inspiration… lisez donc le discours qui suit… Il ne date pas d’hier mais comporte tout ce que les peuples attendent : Loi, Justice, droit, devoir, paix, intérêts communs, destinée commune, nations, qualités distinctes, glorieuses individualités, fraternité européenne, commerce, esprits, idées, suffrage universel des peuples, arbitrage d’un grand sénat souverain


« Messieurs, si quelqu'un, il y a quatre siècles, à l'époque où la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelqu'un eût dit à la Lorraine, à la Picardie, à la Normandie, à la Bretagne, à l'Auvergne, à la Provence, au Dauphiné, à la Bourgogne : Un jour viendra où vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d'hommes d'armes les uns contre les autres, un jour viendra où l'on ne dira plus :-Les normands ont attaqué les picards, les lorrains ont repoussé les bourguignons. Vous aurez bien encore des différends à régler, des intérêts à débattre, des contestations à résoudre, mais savez-vous ce que vous mettrez à la place des hommes d'armes ? savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte de sapin que vous appellerez l'urne du scrutin, et de cette boîte il sortira, quoi ? une assemblée ! une assemblée en laquelle vous vous sentirez tous vivre, une assemblée qui sera comme votre âme à tous, un concile souverain et populaire qui décidera, qui jugera, qui résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive de toutes les mains et surgir la justice dans tous les cœurs, qui dira à chacun : Là finit ton droit, ici commence ton devoir. Bas les armes ! vivez en paix ! Et ce jour-là, vous vous sentirez une pensée commune, des intérêts communs, une destinée commune ; vous vous embrasserez, vous vous reconnaîtrez fils du même sang et de la même race ; ce jour-là, vous ne serez plus des peuplades ennemies, vous serez un peuple ; vous ne serez plus la Bourgogne, la Normandie, la Bretagne, la Provence, vous serez la France. Vous ne vous appellerez plus la guerre, vous vous appellerez la civilisation.

Si quelqu'un eût dit cela à cette époque, messieurs, tous les hommes positifs, tous les gens sérieux, tous les grands politiques d'alors se fussent écriés :-Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Comme cet homme connaît peu l'humanité ! Que voilà une étrange folie et une absurde chimère !-Messieurs, le temps a marché, et cette chimère, c'est la réalité. 

Et, j'insiste sur ceci, l'homme qui eût fait cette prophétie sublime eût été déclaré fou par les sages, pour avoir entrevu les desseins de Dieu ! 

Eh bien ! vous dites aujourd'hui, et je suis de ceux qui disent avec vous, tous, nous qui sommes ici, nous disons à la France, à l'Angleterre, à la Prusse, à l'Autriche, à l'Espagne, à l'Italie, à la Russie, nous leur disons :

Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu'elle serait impossible et qu'elle paraîtrait absurde aujourd'hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille que les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'assemblée législative est à la France ! Un jour viendra où l'on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd'hui un instrument de torture, en s'étonnant que cela ait pu être ! Un jour viendra où l'on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d'Amérique, les États-Unis d'Europe, placés en face l'un de l'autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies […]. »


Congrès de la Paix, 1849, Victor Hugo, Actes et Paroles, 1849.

 
The Final Countdown