Google+ Article deux: avril 2014

vendredi 25 avril 2014

Jaurès: Qu'est ce que la République?

La république est-elle encore la loi durable de la nation?


Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance. Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. 


Instituer la République, c’est proclamer que les citoyens des grandes nations modernes, obligés de suffire par un travail constant aux nécessités de la vie privée et domestique, auront cependant assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune.[…]


Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. L’intervention en était si audacieuse, si paradoxale, que même les hommes hardis qui il y a cent dix ans, ont révolutionné le monde, en écartèrent d’abord l’idée. Les Constituants de 1789 et de 1791, même les Législateurs de 1792 croyaient que la monarchie traditionnelle était l’enveloppe nécessaire de la société nouvelle. Ils ne renoncèrent à cet abri que sous les coups répétés de la trahison royale. Et quand enfin ils eurent déraciné la royauté, la République leur apparut moins comme un système prédestiné que comme le seul moyen de combler le vide laissé par la monarchie. Bientôt cependant, et après quelques heures d’étonnement et presque d’inquiétude, ils l’adoptèrent de toute leur pensée et de tout leur cœur. Ils résumèrent, ils confondirent en elle toute la Révolution. Et ils ne cherchèrent point à se donner le change. Ils ne cherchèrent point à se rassurer par l’exemple des républiques antiques ou des républiques helvétiques et italiennes. Ils virent bien qu’ils créaient une œuvre nouvelle, audacieuse et sans précédent. Ce n’était point l’oligarchique liberté des républiques de la Grèce, morcelées, minuscules et appuyées sur le travail servile. Ce n’était point le privilège superbe de la république romaine, haute citadelle d’où une aristocratie conquérante dominait le monde, communiquant avec lui par une hiérarchie de droits incomplets et décroissants qui descendait jusqu’au néant du droit, par un escalier aux marches toujours plus dégradées et plus sombres, qui se perdait enfin dans l’abjection de l’esclavage, limite obscure de la vie touchant à la nuit souterraine. Ce n’était pas le patriciat marchand de Venise et de Gênes. Non, c’était la République d’un grand peuple où il n’y avait que des citoyens et où tous les citoyens étaient égaux. C’était la République de la démocratie et du suffrage universel. C’était une nouveauté magnifique et émouvante.



Les hommes de la Révolution en avaient conscience. Et lorsque dans la fête du 10 août 1793, ils célébrèrent cette Constitution, qui pour la première fois depuis l’origine de l’histoire organisait dans la souveraineté nationale la souveraineté de tous, lorsque artisans et ouvriers, forgerons, menuisiers, travailleurs des champs défilèrent dans le cortège, mêlés aux magistrats du peuple et ayant pour enseignes leurs outils, le président de la Convention put dire que c’était un jour qui ne ressemblait à aucun autre jour, le plus beau jour depuis que le soleil était suspendu dans l’immensité de l’espace ! Toutes les volontés se haussaient, pour être à la mesure de cette nouveauté héroïque. C’est pour elle que ces hommes combattirent et moururent. […]



Et voici maintenant que cette République, qui dépassait de si haut l’expérience séculaire des hommes et le niveau commun de la pensée que, quand elle tomba, ses ruines mêmes périrent et son souvenir s’effrita, voici que cette République de démocratie, de suffrage universel et d’universelle dignité humaine, qui n’avait pas eu de modèle et qui semblait destinée à n’avoir pas de lendemain, est devenue la loi durable de la nation, la forme définitive de la vie française, le type vers lequel évoluent lentement toutes les démocraties du monde.





Jean Jaurès, Discours à la Jeunesse, 1903

jeudi 10 avril 2014

Du 9 au 14 avril 1834. Révoltes à Lyon et à Paris

Où l'on découvre la forme des débats sociaux sous le règne du bon roi Louis Philippe.


Une émeute avait déjà marqué la cité lyonnaise en 1831 sur fond de crise économique. (Révolte des canuts, 21 novembre 1831). 

 La situation est de nouveau tendue en 1834 et des émeutes éclatent encore le 9 avril autour des ateliers des ouvriers de la soie. On compte 129 militaires et 192 civils tués.


Le 10 avril, le gouvernement soumet les associations de plus de 20 membres à l’autorisation du gouvernement et à son contrôle. Cette mesure frappe essentiellement les sociétés de secours mutuels ouvriers.

Cette décision et l’annonce de la répression à Lyon déclenchent la levée de barricades dans les rues de Paris près de l’Hôtel de Ville, entre le 12 et le 14 avril. Le général Bugeaud est chargé de la répression. Après s’être aggravés le 13 avril, les troubles prennent fin le 14 lorsque les soldats du 35e régiment de ligne massacrent des habitants dans la rue Transnonain ; certains sont tués pendant leur sommeil.

Charte: Article cinq

En cette année électorale, il est plus que jamais nécessaire de rappeler à nos élus les principes de notre République. Il est plus que jamais nécessaire de leur rappeler leur mission. Face à la défiance grandissante dont ils sont l'objet il convient de leur montrer que nous, citoyens, attendons d'eux une conduite irréprochable dans la conduite des affaires publiques.




Article cinq de la charte de représentant du peuple:
Un représentant du peuple s’engage à assumer pleinement la tâche que le corps électoral lui a confiée directement ou indirectement. Il ne peut donc cumuler plusieurs mandats ni exercer d’autres activités professionnelles afin, de plus, de ne pas être tenté par le conflit d’intérêt. Il recevra en échange une indemnité lui permettant d’assurer son existence. Cette indemnité sera déterminée en fonction du patrimoine et des conditions d’existence de chaque représentant.

lundi 7 avril 2014

7 avril 1795. De nouvelles mesures… concrètement.

Où l'on apprend que le quotidien peut être changé par une volonté politique mais que cela prend du temps.



La convention adopte un décret invitant les citoyens à se servir des nouvelles unités de mesure et de poids.



Un rapport officialise le système métrique. Il s’agit d’offrir une échelle de mesure universelle. De nombreux savants ont été mis à contribution. Des commissions animées par Lagrange, Laplace, Monge, Cassini, Haüy, Condorcet, Lavoisier, Coulomb ont été chargées de définir cette unité.

Le mètre est la dix millionième partie du quart d’un méridien terrestre.

Des étalons du mètre et du kilogramme seront réalisés en platine dans les années suivantes.

La Révolution souhaite uniformiser les mesures et donc unifier un peu plus le pays par l’instauration de nouvelles unités. Chaque région connaissait avant 1789 son propre système et faisait dire qu'en ce domaine "l'infinie confusion dépassait en France tout ce qu'on pouvait imaginer". La volonté est de simplifier les normes existantes mais elle répond aussi à une volonté politique.

Dans les faits, il faudra des années, presque un demi-siècle, pour que l’utilisation des nouvelles unités rentre dans les mœurs.

vendredi 4 avril 2014

Une allocution du président du Parti de l'Abstention

Article Deux, une fois n'est pas coutume, se fait la tribune d'un parti politique.  


Allocution de M. le Président du Parti de l'Abstention.




Chers compatriotes,

Toujours soucieux d’échapper à la tyrannie de la précipitation médiatique, j'ai laissé passer quelques jours pour réagir aux résultats des élections municipales.

J'ai le plus grand respect pour Monsieur Jean-François Copé puisque, tout comme lui, je suis chef autoproclamé de mon parti.

Cependant, je le conteste avec la plus grande des forces lorsqu'il affirme que son parti, l'UMP, est le premier de France.

Il s'agit sans doute pour lui de tenter de passer sous silence les paroles d’analystes politiques ou de responsables d'instituts de sondages qui affirment depuis les premières annonces de résultats que le premier parti de France est bien le parti de l'Abstention, mon parti.

Face à l'ampleur toujours grandissante que prend notre mouvement des abstentionnistes, il est temps de remercier tous ceux sans qui tout cela ne serait pas possible.

Je veux parler d'abord de ceux qui nous ont rejoints récemment et qui, hier encore, glissaient dans l'urne un bulletin blanc ou un bulletin nul. Maintenant, ils nous ont rejoints et ont franchi un cap dans la non-participation politique. J’annonce, ici, d’ailleurs, qu’une alliance avec nos camarades du parti Blanc est en passe d’être réalisée. Ils ne se laissent pas duper, en effet, par la fausse reconnaissance que nos dirigeants veulent attribuer à leurs bulletins. Ces derniers seront comptés à part lors des prochaines élections européennes mais ne seront absolument pas comptabilisés dans les résultats définitifs. Ils n’auront donc toujours aucun effet. C’est là, un camouflet pour les partisans du vote blanc qui contribue à les rapprocher de nous de façon durable…

Je veux remercier ensuite nos médias télévisés et plus précisément ces nouvelles chaînes d'information qui appauvrissent totalement, minutes après minutes, le jeu démocratique, le réduisant à un cirque médiatique, à une course à l’audience ridicule et qui, à force de répétitions, de débats stériles inaudibles, abrutissent totalement les citoyens et les poussent inexorablement à rejoindre nos rangs.

Il nous faut aussi ici avoir une pensée pour notre cher système scolaire qui, année après année, allègement de programme après allègement de programme, ne permet plus à nos nouveaux citoyens de posséder toutes les armes intellectuelles pour une bonne compréhension des enjeux démocratiques, et les en détourne alors inexorablement.

Venons en, enfin, à nos plus fidèles alliés, ceux à qui nous devons tant : les représentants, élus ou qui aspirent à l'être, de tous les partis politiques de notre beau pays. Leur incompétence, leur immoralité, leur absence de courage, leur dogmatisme, leur opportunisme, leur condescendance, leur hypocrisie, leur mauvaise foi, sont pour nous une bénédiction de chaque instant.

Bien sûr, nous n'oublions pas que pendant longtemps nous, partisans de l'abstention, avons été bien utiles à leurs yeux. En effet, un taux d'abstention élevé était toujours le moyen de culpabiliser les mauvais citoyens totalement éloignés de leurs devoirs civiques. C'était également le moyen pour l'élu de voir son niveau de responsabilité bien moins élevé car obtenu avec une frange du peuple dérisoire finalement. Enfin, faussant statistiquement la représentativité nationale, c'était le moyen pour les plus malins de profiter du système et de devenir des professionnels non pas de la politique mais du suffrage.

Mais aujourd'hui, la créature est en train de se retourner contre ses maîtres. L'abstention gagne et c'est par le suffrage universel, pourtant son mode d'expression, que la démocratie risque de porter à sa tête ceux qui veulent la voir mourir.

Nous ne nous sentirons pas coupables si une telle horreur devait se produire. N'entendons nous pas les hommes politiques à l'issue de chaque scrutin dire qu'ils vont tirer les enseignements de cette inquiétante montée de l'abstention et qu’ils s’en sentent responsables ? Leurs paroles ne sont que pure formalité de circonstance mais prouvent qu’ils ont bien conscience de leur responsabilité… À défaut d'enseignements ils subiront les conséquences définitives de leur hypocrisie. Et le peuple, lui, affrontera la situation… Nous aimerions ne pas avoir à en arriver là…

Nous, partisans de l'abstention, ne sommes pas des inconscients suicidaires. Nous sommes le peuple fatigué. Fatigué de voir que nos représentants nous imposent des règles qu'ils ne suivent jamais. Fatigué de n'avoir à choisir qu'entre la peste et le choléra pour ne tomber que de Charybde en Scylla. Fatigué d'être toujours considéré comme ignorant, taillable, et corvéable à merci. Ne comprennent-ils pas que notre silence et notre mépris de l'urne ne sont rien d'autre que de l'exaspération, premier signe de la colère ? Un contrat social suppose deux corps respectant mutuellement leur part. Pourquoi le peuple assumerait-il toujours ses engagements, ses devoirs, ses responsabilités, si les élites dirigeantes ne le font pas ?

Le peuple est toujours plein de bon sens : il retrouvera le chemin des urnes, il exprimera à nouveau sa voix démocratique, quand ses institutions et leurs textes fondateurs seront scrupuleusement honorés par ses élus. Je rappelle en tant que président du parti de l’Abstention que c’est là notre seul programme, notre seule volonté…

Mes chers compatriotes, pour les prochaines échéances électorales,  n'oubliez pas : «Un choix par défaut est un mauvais choix : Ne pas choisir ; c’est déjà choisir ».

Pierre-Paul MARTIN.
Président du PDA

jeudi 3 avril 2014

Charte: Article quatre

En cette année électorale, il est plus que jamais nécessaire de rappeler à nos élus les principes de notre République. Il est plus que jamais nécessaire de leur rappeler leur mission. Face à la défiance grandissante dont ils sont l'objet il convient de leur montrer que nous, citoyens, attendons d'eux une conduite irréprochable dans la conduite des affaires publiques.


Article quatre de la charte de représentant du peuple:
Le représentant du peuple s'engage à respecter la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.