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mercredi 6 novembre 2013

Grande date pour la République: campagne intime au B&B.

Ce qu'est la politique en France et ce qu'elle va devenir à travers deux «faits» en date du 5 novembre 2013: l'union Udi-modem et la diffusion de campagne  intime. 



En premier lieu, ce 5 novembre 2013 marque le rapprochement entre deux formations politiques, le MODEM et l’UDI, entre deux hommes politiques, M. Bayrou et M. Borloo. Cette initiative s’explique selon les concernés par «le désespoir», «la désespérance» que connait notre pays en ce moment. Il faut toujours accorder aux gens les meilleures intentions du monde. Si ces deux hommes sont capables de mettre de côté leur égo et leur carrière pour le bien de la Nation (rappelons qu’ils se projetaient tous deux, il y a peu, comme des présidentiables), il faut les saluer.

Cependant…

B & B ont-ils consulté les bases de leurs partis respectifs concernant un tel rapprochement? Elles pourraient être, dans le cas contraire, quelque peu déstabilisées voire se sentir méprisées. En effet, l’un appelait à voter Hollande quand l’autre appelait à choisir Sarkozy, il y a dix-huit mois à peine. Bel exemple de démocratie interne si tel n’a pas été le cas et si cette décision n’est que la conséquence des choix des chefs.

Ne peut-on pas voir, dans cette union, plutôt que le souci de la France, une tactique électoraliste en vue d’un scrutin municipal qui ne favorise en rien ces deux formations? Si l’électeur perçoit ici une possible manipulation, les conséquences sont pernicieuses pour la démocratie. Les principes, les paroles, les engagements des leaders politiques n’auraient que bien peu de valeur finalement. Au gré des circonstances, on remet en cause ses postures et ses choix d’hier pour s’adapter aux intérêts du présent. On reste fidèle au principe de Machiavel : «la fin justifie les moyens». Le problème de ce principe est que le citoyen, le sujet aurait-on envie d’écrire, ne doit pas s’en rendre compte.

Ne serait-il pas temps de faire de la politique autrement? Le moment ne parait-il pas idéal? Quitte à appeler à l'Union pourquoi pas à une Union Nationale? Ici se situerait sans doute le réel désintéressement et le véritable souci du pays...

Mais après tout, ce rapprochement Bayrou-Borloo est bien moins surprenant que le transfuge d’entre-deux tours d’une élection présidentielle d’un Eric Besson, passant sans vergogne du PS à l’UMP ou que les reniements successifs d’une Rama Yade au sein de son parti. On ne lit pas assez que les hommes politiques sont sans aucun doute responsables de l’abstention et des votes extrémistes et donc de l’image négative du débat démocratique.

Cette date du 5 novembre 2013, est à marquer d’une pierre blanche pour un autre fait «politique» majeur : la diffusion sur Direct 8 d’un « documentaire » intitulé Campagne Intime. Dès 19 heures, sur BFM TV, la réalisatrice, interviewée par une Ruth Elkrief en pleine excitation, expliquait qu’elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait pu être le témoin de scènes d’une telle importance politique. Multiples extraits à l’appui, on mettait l’eau à la bouche du téléspectateur. Après la diffusion du «documentaire», I télé reviendra longuement sur «l’évènement» avec moult intervenants. On apprend alors que les téléspectateurs-citoyens ont assisté à la «réinitialisation» de l’image de Nicolas Sarkozy, au « temps zéro » de son retour sur le devant de la scène.

On qualifie donc en France de documentaire les images filmées par une amie de la femme de l’ancien président de la République? Pourquoi le couple Sarkozy, n’a-t-il pas choisi un journaliste ou un véritable réalisateur pour une telle initiative (car ne doutons pas, il s’agit d’une initiative)? Pour accentuer le parti pris de l’intimité que rappelle le titre? Justifier, expliquer leur autorisation? Mieux contrôler leurs exigences et leurs images?… Après tout, peut-être n'ont-ils pas trouvé de professionnel sans scrupule pour une telle entreprise de commande?

Le citoyen est-il jugé si stupide? Quelle valeur donner à cette intimité lorsque l’on est filmé en permanence (surtout lorsque l’on s’appelle Nicolas Sarkozy ou Carla Bruni et que l’on est sous l’œil des caméras depuis des décennies)? Que penser de la spontanéité lorsque le concerné débite de multiples aphorismes en nouant sa cravate ou en enfilant sa veste... tout en jetant parfois un regard rapide vers l'objectif? Comment peut-on voir en ce film autre chose qu’une œuvre de propagande puisqu’il ne montre jamais le concerné sous un angle négatif? Cette hagiographie filmée est dégradante pour la vie politique française. Elle rabaisse le débat démocratique à de la télé réalité. Cela ne serait pas si grave si les grands médias audiovisuels faisaient un réel travail d’analyse et de critique au lieu de tomber dans le plus détestable voyeurisme et sensationnalisme.

A quoi sert donc ce film? A l'époque des faits, Nicolas Sarkozy, maître tacticien politique aux dires de tous, déjà certain de sa défaite, n'en aurait-il pas projeter l'utilisation future avec un timing parfait afin de préparer un éventuel retour?

Hasard? Coïncidence? Aujourd'hui, l'auteur de ces lignes a vu fleurir des affiches dans sa commune à l'effigie du concerné avec ces simples mots: "Mon Président!" et une adresse web dans laquelle on conjugue le verbe revenir avec le prénom Nicolas.  

Ces deux « faits » politiques majeurs du 5 novembre 2013 représentent chacun à leur façon une forme de mépris vis-à-vis du corps des électeurs. Un mépris qui conduit inexorablement au mieux au désintérêt du citoyen pour la « chose publique » et au pire à sa colère…

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