Citoyens, si quelqu’un, il y a cinq siècles, à l’époque où un monarque absolu régnait, eût dit : un jour viendra où vous ne serez plus des sujets ; un jour viendra où vous serez même les souverains de votre nation ; un jour viendra où vous déciderez de votre destin en tant que communauté ; un jour viendra où vous ne risquerez plus l’arrestation arbitraire.
Vous
aurez encore bien des devoirs à accomplir, mais savez-vous que vous aurez aussi
des droits ? Savez-vous que vous pourrez jouir des libertés fondamentales :
liberté individuelle, liberté de conscience, liberté de presse, liberté d’association,
liberté politique ? Savez-vous que vous pourrez jouir du droit de grève,
du droit à la protection de la santé, du droit à l’instruction ?
Savez-vous que vous aurez déféré votre autorité consciemment à des assemblées
en lesquelles vous vous sentirez tous vivre, des assemblées qui seront comme
votre âme à tous, des conciles souverains et populaires qui décideront, qui
jugeront, qui résoudront tout en loi et qui feront surgir la justice dans tous
les cœurs, qui diront à chacun : là finit ton droit, ici commence ton
devoir ?
Si
quelqu’un eût dit cela, à cette époque, citoyens, tous les hommes positifs,
tous les gens sérieux, tous les grands politiques d’alors se fussent écriés :
oh ! le songeur ! oh ! le rêve creux ! comme cet homme
connait peu l’humanité ! Que voilà une étrange folie et une absurde
chimère ! Citoyens, le temps a marché et cette chimère, c’est notre
réalité !
L’homme
qui eût fait cette prophétie eût été déclaré fou par les sages pour avoir
entrevu le règne de la liberté, l’accomplissement de la République.
Aujourd’hui,
pourtant, il persiste des imperfections et nous jetons le discrédit sur ceux à
qui nous déléguons pourtant avec confiance notre souveraineté.
Aujourd’hui,
nous devons être de ceux qui disent que bientôt nos représentants, nos élus, sauront
se montrer dignes de cette confiance et de la mission que nous leur confions.
Bientôt,
un jour viendra où leurs actes répondront à leurs paroles ! Un jour
viendra où ils seront exemplaires parce qu’ils s’appliqueront les sacrifices qu’ils
demandent aux autres. Un jour viendra où ils ne profiteront plus de leur
position pour leurs intérêts personnels. Un jour viendra où le citoyen n’aura
plus jamais à douter de l’intégrité et de l’honnêteté de son représentant parce
qu’il montrera la valeur de son patrimoine pour aspirer à ses fonctions. Un
jour viendra où les invectives stupides seront remplacées par des discours
éloquents et réfléchis. Un jour viendra où ils sauront respecter, par les mots
et par les attitudes, leurs contradicteurs, et donneront ainsi de la noblesse à
leur engagement. Un jour viendra où l’on montrera les unes de la presse de
notre temps dans des archives comme l’on montre aujourd’hui des lettres de
cachets en s’étonnant que cela ait pu être.
Un
jour viendra où l’on verra ces deux grands corps de la nation, les citoyens et
leurs représentants, placés l’un auprès de l’autre s’honorant mutuellement ;
le premier pouvant faire confiance au second ; le second œuvrant pour le
bien du premier.
Il s'agit d'un pastiche. Auteur? Texte?
RépondreSupprimerLe grand Victor, non ?
RépondreSupprimerVictor? Schoelcher?
RépondreSupprimer