Google+ Article deux: "Fraternité européenne"

lundi 6 juillet 2015

"Fraternité européenne"



Réussir à faire détester l'idée d'une Union européenne aux peuples qui la composent et qui sont pourtant convaincus de sa nécessité; 

réussir à créer de l'animosité entre ces mêmes peuples, en paix depuis si longtemps peut être pour la première fois dans leur l'histoire;

réussir cela en restant sourds aux avertissements et aux revendications qu'elles soient politiques, économiques, sociales de vos citoyens, 

réussir cela en trahissant ceux qui vous ont pourtant délégué leur souveraineté avec confiance...

Chapeau bas messieurs les technocrates!
Chapeau bas messieurs nos dirigeants nationaux démocratiquement élus!

Votre conception de la démocratie est en train de détruire une belle idée construite sur les ruines de la Deuxième guerre mondiale. Et si vous vous rappeliez qu'elles étaient les circonstances de la naissance de l'Europe? N'étaient-elles pas plus difficiles qu'aujourd'hui à tous les points de vue? N'avez-vous vraiment pas d'autres moyens d'actions, d'autres objectifs que ceux de la finance et de l'ultralibéralisme?

Après le peuple français en 2005 et sans oublier les peuples irlandais et hollandais, que vous avez superbement ignorés et humiliés, montrant là une bien étrange application du mot compromis, le peuple grec vous rappelle encore en 2015 la définition du mot Démocratie.

Il serait sans doute temps d'écouter ce nouvel avertissement ou à vos risques et périls d'avancer au moins au grand jour et de ne plus vous cacher derrière ces belles idées d'Europe et de Démocratie.

Et si vous manquez d’inspiration… lisez donc le discours qui suit… Il ne date pas d’hier mais comporte tout ce que les peuples attendent : Loi, Justice, droit, devoir, paix, intérêts communs, destinée commune, nations, qualités distinctes, glorieuses individualités, fraternité européenne, commerce, esprits, idées, suffrage universel des peuples, arbitrage d’un grand sénat souverain


« Messieurs, si quelqu'un, il y a quatre siècles, à l'époque où la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelqu'un eût dit à la Lorraine, à la Picardie, à la Normandie, à la Bretagne, à l'Auvergne, à la Provence, au Dauphiné, à la Bourgogne : Un jour viendra où vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d'hommes d'armes les uns contre les autres, un jour viendra où l'on ne dira plus :-Les normands ont attaqué les picards, les lorrains ont repoussé les bourguignons. Vous aurez bien encore des différends à régler, des intérêts à débattre, des contestations à résoudre, mais savez-vous ce que vous mettrez à la place des hommes d'armes ? savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte de sapin que vous appellerez l'urne du scrutin, et de cette boîte il sortira, quoi ? une assemblée ! une assemblée en laquelle vous vous sentirez tous vivre, une assemblée qui sera comme votre âme à tous, un concile souverain et populaire qui décidera, qui jugera, qui résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive de toutes les mains et surgir la justice dans tous les cœurs, qui dira à chacun : Là finit ton droit, ici commence ton devoir. Bas les armes ! vivez en paix ! Et ce jour-là, vous vous sentirez une pensée commune, des intérêts communs, une destinée commune ; vous vous embrasserez, vous vous reconnaîtrez fils du même sang et de la même race ; ce jour-là, vous ne serez plus des peuplades ennemies, vous serez un peuple ; vous ne serez plus la Bourgogne, la Normandie, la Bretagne, la Provence, vous serez la France. Vous ne vous appellerez plus la guerre, vous vous appellerez la civilisation.

Si quelqu'un eût dit cela à cette époque, messieurs, tous les hommes positifs, tous les gens sérieux, tous les grands politiques d'alors se fussent écriés :-Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Comme cet homme connaît peu l'humanité ! Que voilà une étrange folie et une absurde chimère !-Messieurs, le temps a marché, et cette chimère, c'est la réalité. 

Et, j'insiste sur ceci, l'homme qui eût fait cette prophétie sublime eût été déclaré fou par les sages, pour avoir entrevu les desseins de Dieu ! 

Eh bien ! vous dites aujourd'hui, et je suis de ceux qui disent avec vous, tous, nous qui sommes ici, nous disons à la France, à l'Angleterre, à la Prusse, à l'Autriche, à l'Espagne, à l'Italie, à la Russie, nous leur disons :

Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu'elle serait impossible et qu'elle paraîtrait absurde aujourd'hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille que les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'assemblée législative est à la France ! Un jour viendra où l'on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd'hui un instrument de torture, en s'étonnant que cela ait pu être ! Un jour viendra où l'on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d'Amérique, les États-Unis d'Europe, placés en face l'un de l'autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies […]. »


Congrès de la Paix, 1849, Victor Hugo, Actes et Paroles, 1849.

 
The Final Countdown

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