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mercredi 27 août 2014

Deux "Manuel" pour la rentrée

Ainsi donc, un énième gouvernement vient d'être nommé, 147 jours après le précédent, un peu plus de deux ans après la victoire du candidat PS en 2012.


Nous autres, socialistes, sympathisants socialistes, citoyens de Gauche, citoyens électeurs plus ou moins engagés, et tous intéressés par la chose publique et le bien-être de la cité, avons-nous souhaité qu'en Mai 2012, la gauche puisse revenir à la tête de notre pays, après 17 ans de présidence de Droite, dont 12 au gouvernement et surtout 10 d'affilée,...

C'était là une Droite dure, dure avec les faibles, avec les classes moyennes, les fonctionnaires, les salariés, la jeunesse, les retraités, les syndicats, les entreprises petites et moyennes, les citoyens étrangers ou d'origine étrangère, une droite impuissante et décliniste face aux oukases bruxelloises, berlinoises ou des salons médiatiques parisiens, totalement incapable de préserver un outil industriel en France, de lutter contre les inégalités sociales, contre le chômage, d'apaiser les nombreux maux tant sociaux que sociétaux qui traversent et fragilisent l'équilibre Républicain de notre pays, et quel pays,oui, quel pays que la France pourtant si bafouée par ceux-là mêmes qui s'en réclament "de droit" comme plus légitimes que les gens de Gauche...

Oui, nous autres portions, après deux cruels échecs, dont le retentissant 21/04/02, une envie, un espoir d'enfin redonner la place au peuple, au petit peuple, la "France d'en-bas", "qui se lève tôt" pour reprendre les mots de la Droite justement, la France profonde comme disait Mitterrand: oui, en Mai 2012, la joie fut grande et l'espoir était là.

Cet espoir, sur quoi portait-il justement?

Non pas sur le simple fait de battre la Droite et son candidat sortant -même si ce dernier, par son bilan et sa personnalité clivante, fut, à n'en point douter, un énorme levier pour le succès du PS de 2012. Non pas sur le simple fait de laver "l'affront" de deux défaites d'affilée...

Non. Ce qui a entretenu l'espoir, ce qui l'a avivé et ce qui a établi, fondé, bâti, la victoire de 2012, repose sur deux «moments».

Premier moment: Octobre 2011. Les primaires citoyennes, des "primaires ouvertes" qui auront vu l'écrasante majorité des récipiendaires de ce message, s'associer au choix et à la dynamique du "camp de la Gauche".

Pour la première fois, tous les citoyens pouvaient se retrouver associés au choix du candidat du principal parti de gouvernement de Gauche, à la plus importante élection nationale.

Cette incontestable dynamique (plus de 2.5M d'électeurs de mémoire) aura permis au candidat PS d'avoir le souffle et l'assise nécessaire pour se présenter en position de force face au pouvoir en place.

Deuxième moment: 22 janvier 2012. Le principal moteur de la campagne, son véritable tournant, son apogée:  le fameux "discours du Bourget".

Ha, Le Bourget... tout a été dit et répété à son sujet mais rappelons nous les promesses :


-Réforme bancaire, 
-Redressement de l'économie, 
-Réforme fiscale, 
-Priorité à la jeunesse, 
-Gel de la TVA, 
-Renégociation du traité européen imposé au peuple,
-et surtout,... surtout..., lutte contre le véritable ennemi, celui qui n'a pas de candidat mais qui gouverne: la Finance!


Les mots résonnent encore: « mon ennemi, c'est le monde de la finance».

On allait voir ce qu'on allait voir. Fini le temps des petites et grandes compromissions face aux Medef, cac40, commission européenne, Barroso, Merkel et compagnie...

D'un coup, tout un peuple de gauche, jusqu'à la CGT, c'est dire, souscrivit au choix du candidat socialiste.

Las.

La suite est connue et n'a été qu'une lente désillusion progressive qui atteint son paroxysme avec les événements de ces derniers jours.

On évince Mme Filipetti et surtout MM Hamon et Montebourg.

Visiblement, la priorité du gouvernement ne semble plus être la jeunesse, sinon comment expliquer le limogeage, sept jours, ou sept matinées avant la rentrée scolaire du ministre de l'Education Nationale, le ministre de la jeunesse et de la France de demain?

Mais c'est surtout le départ d'Arnaud Montebourg qui sera le plus emblématique et le plus important.
Le couple exécutif, composé du Président et de son Premier Ministre, était en désaccord manifeste avec l'option prônée par le ministre du Redressement Productif et de l’Économie, de coupler une politique de l'offre (baisse des charges et facilités pour les entreprises) à une politique de la demande (redistribution auprès des ménages pour relancer la consommation).

Le couple exécutif était en désaccord manifeste avec la mesure phare du ministre, reprise du temps de M.Jospin, à savoir répartir les économies par trois tiers entre redistribution auprès des ménages/entreprises/baisse des déficits.

Le couple exécutif était surtout gêné par la vision de son ministre, sa volonté d'engager tout le poids politique de la France pour relancer le moteur franco-allemand, là où le Président souhaitait tout simplement garder les bonnes grâces de la chancellerie Outre-Rhin.

Alors, les questions de forme, de personnes, les logiques d'appareil mais aussi médiatiques ont fait que le sort de ces deux hommes était scellé.

Hamon, Montebourg, deux hommes auxquels Mme Filipetti sera associée dans sa destinée d'une manière assez noble, en ces temps où les politiques écument plateaux télés et réseaux sociaux, et ne savent plus parler en "phrases" (sic) mais en "signes"(re-sic): une lettre. Non pas un "twit" ou un "post". Une lettre.

Enfin, pour boucler la boucle...:

Par qui remplacera-t-on Arnaud Montebourg?

Par qui remplacera-t-on l'homme qui a offert la victoire aux primaires, celui arrivé 3ème, avec près de 18% des voix au premier tour de ces dernières quand l'actuel chef du gouvernement n'en récoltait que 5?

Par qui remplacera-t-on l'homme qui a oeuvré auprès de l'Elysée (avec justement le soutien de Benoît Hamon) pour qu'après le cataclysme des municipales le Président se sépare de Jean-Marc Ayrault et nomme Manuel Valls?

Par qui remplacera-t-on l'homme qui, surtout, se bat pour la réindustrialisation en France, pour la sauvegarde des emplois, pour le patriotisme économique et l'innovation à travers les grands projets industriels?

Par qui remplacera-t-on l'homme qui osa alerter l'opinion tout au long des primaires, puis de ses deux années de mandat, qu'une autre politique était possible en France, en Europe, l'homme qui continue d'affirmer qu'il ne faut pas craindre la politique, le débat, la pédagogie, l'écoute,...?

Par qui?

Par un banquier. D'affaires. Un haut fonctionnaire. Un homme qui n'a jamais exercé aucun mandat politique. Et qui se retrouve donc à la tête de l'un des plus grands ministères, probablement le plus important: Bercy.

C'est bien là un symbole marquant: nommer un banquier d'affaires pour lutter contre la finance, ne serait-ce pas comme nommer quelque artiste du show-biz, connu pour sa consommation de stupéfiants et spiritueux, à la tête d'un organisme de lutte contre les ravages de l'alcoolisme et de la drogue?


Encore une fois, on entendra la sempiternelle rengaine humiliante et méprisante pour le peuple:
«Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent...». Le rapprochement avec un autre élu correzien d'un passé récent serait trop flagrant. Alors on n'avancera sans aucun doute la raison d'État, le pragmatisme...

Continuez de nier les espoirs, les attentes de ceux à qui vous devez votre réussite électorale. Continuez de renier votre parole...

Il faut espérer que des hommes intègres reprendront le flambeau rapidement et que des alternatives louables se proposeront à votre règne de mensonges, car d'autres malintentionnés attendent, se gaussent de vos renoncements, applaudissent à vos trahisons, et transformeront, sur votre mépris, le bon peuple en foule, le civisme républicain en colère.

Mesurez bien tous les sens du mot Responsabilité. Il est encore temps. Sinon, continuez... Et vous ne serez plus les responsables des affaires du pays mais de son chaos politique.

S.M. 


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