Google+ Article deux: Une allocution du président du Parti de l'Abstention

vendredi 4 avril 2014

Une allocution du président du Parti de l'Abstention

Article Deux, une fois n'est pas coutume, se fait la tribune d'un parti politique.  


Allocution de M. le Président du Parti de l'Abstention.




Chers compatriotes,

Toujours soucieux d’échapper à la tyrannie de la précipitation médiatique, j'ai laissé passer quelques jours pour réagir aux résultats des élections municipales.

J'ai le plus grand respect pour Monsieur Jean-François Copé puisque, tout comme lui, je suis chef autoproclamé de mon parti.

Cependant, je le conteste avec la plus grande des forces lorsqu'il affirme que son parti, l'UMP, est le premier de France.

Il s'agit sans doute pour lui de tenter de passer sous silence les paroles d’analystes politiques ou de responsables d'instituts de sondages qui affirment depuis les premières annonces de résultats que le premier parti de France est bien le parti de l'Abstention, mon parti.

Face à l'ampleur toujours grandissante que prend notre mouvement des abstentionnistes, il est temps de remercier tous ceux sans qui tout cela ne serait pas possible.

Je veux parler d'abord de ceux qui nous ont rejoints récemment et qui, hier encore, glissaient dans l'urne un bulletin blanc ou un bulletin nul. Maintenant, ils nous ont rejoints et ont franchi un cap dans la non-participation politique. J’annonce, ici, d’ailleurs, qu’une alliance avec nos camarades du parti Blanc est en passe d’être réalisée. Ils ne se laissent pas duper, en effet, par la fausse reconnaissance que nos dirigeants veulent attribuer à leurs bulletins. Ces derniers seront comptés à part lors des prochaines élections européennes mais ne seront absolument pas comptabilisés dans les résultats définitifs. Ils n’auront donc toujours aucun effet. C’est là, un camouflet pour les partisans du vote blanc qui contribue à les rapprocher de nous de façon durable…

Je veux remercier ensuite nos médias télévisés et plus précisément ces nouvelles chaînes d'information qui appauvrissent totalement, minutes après minutes, le jeu démocratique, le réduisant à un cirque médiatique, à une course à l’audience ridicule et qui, à force de répétitions, de débats stériles inaudibles, abrutissent totalement les citoyens et les poussent inexorablement à rejoindre nos rangs.

Il nous faut aussi ici avoir une pensée pour notre cher système scolaire qui, année après année, allègement de programme après allègement de programme, ne permet plus à nos nouveaux citoyens de posséder toutes les armes intellectuelles pour une bonne compréhension des enjeux démocratiques, et les en détourne alors inexorablement.

Venons en, enfin, à nos plus fidèles alliés, ceux à qui nous devons tant : les représentants, élus ou qui aspirent à l'être, de tous les partis politiques de notre beau pays. Leur incompétence, leur immoralité, leur absence de courage, leur dogmatisme, leur opportunisme, leur condescendance, leur hypocrisie, leur mauvaise foi, sont pour nous une bénédiction de chaque instant.

Bien sûr, nous n'oublions pas que pendant longtemps nous, partisans de l'abstention, avons été bien utiles à leurs yeux. En effet, un taux d'abstention élevé était toujours le moyen de culpabiliser les mauvais citoyens totalement éloignés de leurs devoirs civiques. C'était également le moyen pour l'élu de voir son niveau de responsabilité bien moins élevé car obtenu avec une frange du peuple dérisoire finalement. Enfin, faussant statistiquement la représentativité nationale, c'était le moyen pour les plus malins de profiter du système et de devenir des professionnels non pas de la politique mais du suffrage.

Mais aujourd'hui, la créature est en train de se retourner contre ses maîtres. L'abstention gagne et c'est par le suffrage universel, pourtant son mode d'expression, que la démocratie risque de porter à sa tête ceux qui veulent la voir mourir.

Nous ne nous sentirons pas coupables si une telle horreur devait se produire. N'entendons nous pas les hommes politiques à l'issue de chaque scrutin dire qu'ils vont tirer les enseignements de cette inquiétante montée de l'abstention et qu’ils s’en sentent responsables ? Leurs paroles ne sont que pure formalité de circonstance mais prouvent qu’ils ont bien conscience de leur responsabilité… À défaut d'enseignements ils subiront les conséquences définitives de leur hypocrisie. Et le peuple, lui, affrontera la situation… Nous aimerions ne pas avoir à en arriver là…

Nous, partisans de l'abstention, ne sommes pas des inconscients suicidaires. Nous sommes le peuple fatigué. Fatigué de voir que nos représentants nous imposent des règles qu'ils ne suivent jamais. Fatigué de n'avoir à choisir qu'entre la peste et le choléra pour ne tomber que de Charybde en Scylla. Fatigué d'être toujours considéré comme ignorant, taillable, et corvéable à merci. Ne comprennent-ils pas que notre silence et notre mépris de l'urne ne sont rien d'autre que de l'exaspération, premier signe de la colère ? Un contrat social suppose deux corps respectant mutuellement leur part. Pourquoi le peuple assumerait-il toujours ses engagements, ses devoirs, ses responsabilités, si les élites dirigeantes ne le font pas ?

Le peuple est toujours plein de bon sens : il retrouvera le chemin des urnes, il exprimera à nouveau sa voix démocratique, quand ses institutions et leurs textes fondateurs seront scrupuleusement honorés par ses élus. Je rappelle en tant que président du parti de l’Abstention que c’est là notre seul programme, notre seule volonté…

Mes chers compatriotes, pour les prochaines échéances électorales,  n'oubliez pas : «Un choix par défaut est un mauvais choix : Ne pas choisir ; c’est déjà choisir ».

Pierre-Paul MARTIN.
Président du PDA

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