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mercredi 1 mai 2013

Nietzsche. La valorisation du travail a un sens caché.


Dans la glorification du «travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous: à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce qu’on sent aujourd’hui, à la vue du travail –on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir-, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance.



Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité: et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême. –Et puis! épouvante! Le « travailleur », justement, est devenu dangereux! Le monde fourmille d’ « individus dangereux »! Et derrière eux, le danger des dangers –l’individuum!



(…) Etes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu’à produire le plus possible et à s’enrichir le plus possible? Votre tâche serait de leur présenter l’addition négative: quelles énormes sommes de valeur intérieure sont gaspillées pour une fin aussi extérieure! Mais qu’est devenue votre valeur intérieure si vous ne savez plus ce que c’est que respirer librement? si vous n’avez même pas un minimum de maîtrise de vous-même?”

Nietzsche, Aurore, 1881. 

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