Les sempiternelles chroniques prononcées par les sempiternels chroniqueurs. Comment donner à entendre à certaines personnes ce qu’elles veulent entendre et uniquement ce qu’elles veulent entendre. Comment faire prospérer son fonds de commerce.
On peut adhérer ou non aux propos de M. Zemmour (les 4 administrateurs d'Article Deux, sauf reniement soudain de quelques principes, n'y adhèrent pas). Mais, au delà de cette adhésion ou non, il convient tout de même de souligner les limites de l'exercice de ce type de chronique. Tout doit aller vite, tout doit choquer, quitte à prendre quelques distances avec la rigueur argumentative.
On débute par remettre en cause la tyrannie des chiffres, des statistiques, en matière de délinquance, avant d'appuyer sa démonstration sur un taux d'incarcération par habitant et sa comparaison avec les Etats-Unis et le Royaume-uni. Les sources ne sont bien évidemment jamais citées et l’on ne peut que se demander pourquoi le chroniqueur choisit ces deux pays plutôt que l’Allemagne, la Turquie, l’Uruguay ou le Nigéria… Peut-être s’agit–il de ne sélectionner que des exemples qui valident sa thèse ?
On s’interroge sur la naïveté soudaine du chroniqueur d’expérience lorsqu’il déclare : « depuis l’arrivée de Valls à Matignon, les communicants sont au pouvoir… ». Inouï qu’un observateur du monde politique tel qu’Eric Zemmour ne se soit pas rendu compte du rôle des agences de communication dans les dernières décennies…
On use d’images frappantes pour effrayer le bon peuple auditeur de RTL. Le rappel des invasions barbares des siècles passés, les mots de « guerre », de « razzia », de « violence endémique », de « pillage », sont propre à marquer durablement les esprits…
On use d’une énumération éloquente et évocatrice des seuls responsables des actes délinquants. La liste est longue et regroupe tout ce qui n’est pas franchement blanc. Le chroniqueur, sans aucun doute pressé par le format des 3 minutes ne rappelle pas que la plupart des personnes qu’il désigne, ne lui en déplaise, sont françaises. Intégration. Immigration. On n’a pas le temps de faire le distinguo. Ce n’est pas le but. Comment s'appelle donc le fait d'assimiler une ethnie, une nationalité, une religion, un groupe social à un comportement condamnable?
On termine avec le cadre idyllique de pays aux sociétés « homogènes » sans que l’on sache ce qui se dissimule finalement derrière cet adjectif… Problème de temps ? Manque de courage ? Bref, le pays exemplaire maintenant est le Japon. On peut flatter l’honnêteté intellectuelle du chroniqueur qui évoque d’un mot rapide une forme de délinquance moins visible mais aux effets beaucoup plus dévastateur : la corruption. Mais le plus grave est la violence de rue, et si le Japon l’ignore (on est obligé de croire le chroniqueur sur parole mais puisqu’il est péremptoire c’est qu’il doit avoir raison), c’est qu’il a refusé l’immigration de masse de longue date. Le fait que ce repli sur soi ait engendré, au Pays du Soleil Levant, le nationalisme le plus exacerbé ayant entrainé, dans la première moitié du XXe siècle, le massacre de millions de personnes, dans une barbarie et une sauvagerie presque jamais égalées, ne rentre pas malheureusement dans l’analyse du chroniqueur.
Cette chronique ne surprend plus personne venant de M. Zemmour. C’est sans doute pour cette raison qu’elle est passée inaperçue. Mais c’est sans compter sur différentes associations qui attaquent ouvertement le chroniqueur et lui donnent sans aucun doute ce qu’il attendait: une exposition médiatique. Le chroniqueur lambda ne vit que de son image. Il est fondamental pour lui de se trouver sur le devant de la scène. Aussi, régulièrement, reviennent inlassablement les mêmes discours qui produisent les mêmes réactions. Le Buzz est là. Le donneur d'avis journalier trouve ses détracteurs qui brandissent les droits de l’homme et ses défenseurs qui brandissent la liberté d’expression.
Ecouter. Voir. Partager. Voilà la devise de RTL. Voici donc au lien suivant l'intervention de M. Zemmour du 6 mai 2014.
On peut adhérer ou non aux propos de M. Zemmour (les 4 administrateurs d'Article Deux, sauf reniement soudain de quelques principes, n'y adhèrent pas). Mais, au delà de cette adhésion ou non, il convient tout de même de souligner les limites de l'exercice de ce type de chronique. Tout doit aller vite, tout doit choquer, quitte à prendre quelques distances avec la rigueur argumentative.
On débute par remettre en cause la tyrannie des chiffres, des statistiques, en matière de délinquance, avant d'appuyer sa démonstration sur un taux d'incarcération par habitant et sa comparaison avec les Etats-Unis et le Royaume-uni. Les sources ne sont bien évidemment jamais citées et l’on ne peut que se demander pourquoi le chroniqueur choisit ces deux pays plutôt que l’Allemagne, la Turquie, l’Uruguay ou le Nigéria… Peut-être s’agit–il de ne sélectionner que des exemples qui valident sa thèse ?
On s’interroge sur la naïveté soudaine du chroniqueur d’expérience lorsqu’il déclare : « depuis l’arrivée de Valls à Matignon, les communicants sont au pouvoir… ». Inouï qu’un observateur du monde politique tel qu’Eric Zemmour ne se soit pas rendu compte du rôle des agences de communication dans les dernières décennies…
On use d’images frappantes pour effrayer le bon peuple auditeur de RTL. Le rappel des invasions barbares des siècles passés, les mots de « guerre », de « razzia », de « violence endémique », de « pillage », sont propre à marquer durablement les esprits…
On use d’une énumération éloquente et évocatrice des seuls responsables des actes délinquants. La liste est longue et regroupe tout ce qui n’est pas franchement blanc. Le chroniqueur, sans aucun doute pressé par le format des 3 minutes ne rappelle pas que la plupart des personnes qu’il désigne, ne lui en déplaise, sont françaises. Intégration. Immigration. On n’a pas le temps de faire le distinguo. Ce n’est pas le but. Comment s'appelle donc le fait d'assimiler une ethnie, une nationalité, une religion, un groupe social à un comportement condamnable?
On termine avec le cadre idyllique de pays aux sociétés « homogènes » sans que l’on sache ce qui se dissimule finalement derrière cet adjectif… Problème de temps ? Manque de courage ? Bref, le pays exemplaire maintenant est le Japon. On peut flatter l’honnêteté intellectuelle du chroniqueur qui évoque d’un mot rapide une forme de délinquance moins visible mais aux effets beaucoup plus dévastateur : la corruption. Mais le plus grave est la violence de rue, et si le Japon l’ignore (on est obligé de croire le chroniqueur sur parole mais puisqu’il est péremptoire c’est qu’il doit avoir raison), c’est qu’il a refusé l’immigration de masse de longue date. Le fait que ce repli sur soi ait engendré, au Pays du Soleil Levant, le nationalisme le plus exacerbé ayant entrainé, dans la première moitié du XXe siècle, le massacre de millions de personnes, dans une barbarie et une sauvagerie presque jamais égalées, ne rentre pas malheureusement dans l’analyse du chroniqueur.
Cette chronique ne surprend plus personne venant de M. Zemmour. C’est sans doute pour cette raison qu’elle est passée inaperçue. Mais c’est sans compter sur différentes associations qui attaquent ouvertement le chroniqueur et lui donnent sans aucun doute ce qu’il attendait: une exposition médiatique. Le chroniqueur lambda ne vit que de son image. Il est fondamental pour lui de se trouver sur le devant de la scène. Aussi, régulièrement, reviennent inlassablement les mêmes discours qui produisent les mêmes réactions. Le Buzz est là. Le donneur d'avis journalier trouve ses détracteurs qui brandissent les droits de l’homme et ses défenseurs qui brandissent la liberté d’expression.
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