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dimanche 24 janvier 2016

Des paroles et du buzz

Je me suis toujours demandé qui choisissait les familles, illustrant les reportages des journaux télévisés sur les thèmes les plus divers, (choix d'alimentation atypiques, frénésie des soldes, troubles du sommeil...).

Je me suis toujours demandé comment étaient sélectionnées les personnes interrogées sur les plateaux des émissions de débat.

Pas vous?

Cette semaine, lors de l'émission "des paroles et des actes", seule véritable émission politique de la plus grande chaîne du service public, une jeune femme présentée comme une enseignante et une citoyenne apolitique, (est-ce possible au passage?), a tenu un micro pendant près de 10 minutes pour énoncer plutôt maladroitement son discours, victimaire et rempli de sous-entendus, appris par coeur.

Dans les heures qui suivent, les réseaux sociaux ne manquent pas de s'emballer, et révèlent les accointances de l'intervenante avec des associations prônant le communautarisme le plus exacerbé. Ce qui confirmait ce que sa diatribe laissait supposer. Tous les mots clés sélectionnés, toutes les expressions employées appartiennent aux "éléments de langage" traditionnels d'association comme celles des Indigènes de la République ou des frères musulmans.

Au nom de la liberté d'expression, pourquoi ne pas donner la parole à cette personne face à un Finkelkraut que l'on entend partout depuis des années? C'est recevable.

Mais en ce cas il aurait fallu la présenter convenablement. Donner toutes les clés de compréhension et d'analyse aux téléspectateurs. Ou bien au moins intervenir à point nommé pour dévoiler les réelles intentions de la concernée. Au contraire, la complaisance a été totale et la tribune offerte sans questionnement.

Ici, deux possibilités. Soit l'animateur de l'émission, Pujadas, connait la biographie de l'intervenante et il s'agit d'une manipulation évidente, orchestrée sans doute pour susciter la polémique et le buzz... Soit, il ne sait rien, et prouve son incompétence.

Je me rappelle, il y a quelques semaines, un reportage du journal de 20h du même Pujadas offrant tribune à un blogueur de confession musulmane condamnant les attentats du 13 novembre. De rapides recherches dans l'historique de ce jeune homme faisaient apparaître une image bien dérangeante avec des menaces physiques et des propos misogynes. Incompétence? Malveillance?

La jeune enseignante "sans affiliation politique" dénonce un racisme latent depuis des années envers les musulmans français, victimes de discriminations à tous les niveaux et d'actes de violence en augmentation contre leur communauté. Elle critique des médias partiaux, instrumentalisés, trompant le bon peuple. Elle remet en cause les paroles de pseudo-intellectuels omniprésents (en sélectionnant trois exemples qui lui paraissent emblématiques, Zemmour, Levy, et le présent Finkelkraut,... au hasard certainement). Et elle parle d'une islamophobie d'Etat. Rien de moins.

On révèle aussi sa véritable pensée par des silences. Pour une personne évoquant "le faire société", il est étrange de ne pas entendre certaines condamnations, le rappel de quelques faits récents.

Finkelkraut, pour une fois plutôt calme, rétorque simplement qu'il faut mettre le mot racisme au pluriel.

Il aurait pu évoquer la victime du gang des barbares, celles de Merah, celles des frères Kouachi, celles de Coulibaly, celles du groupe du 13 novembre. Et l'on comprend en écrivant cette dernière phrase la tactique pernicieuse des personnes comme cette citoyenne "lambda", le piège qu'ils tendent constamment par leurs discours. Piège évité partiellement par le philosophe. Celui de la provocation et de la volonté d'affrontement direct entre les communautés. Les commentaires sur les réseaux sociaux montrent à quel point cela fonctionne parfaitement.

Quelles seront les suites de cette intervention télévisuelle soi-disant spontanée? Aura-t-on une mise au point des équipes des services de l'information de notre service public?

D.A.

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