Google+ Article deux: 2014

vendredi 21 novembre 2014

Perec: Les Choses.

10 minutes avec Georges Perec. Les Choses, roman ( mais l'auteur doute lui-même qu'il s'agisse là vraiment d'un roman) de l'insatisfaction, oeuvre emblématique (même si l'auteur nie la condamner) de la société de consommation. On observe, encore, à la lecture de cet ouvrage, que le romancier est celui qui nous tend le mieux le miroir de notre existence, est celui qui nous pousse à nous interroger sur notre vision du monde. Le sous-titre, "une histoire des années soixante", laisse songeur.  

"
Jérôme avait vingt-quatre ans. Sylvie en avait vingt-deux. Ils étaient tous deux psychosociologues. Ce travail, qui n’était pas exactement un métier, ni même une profession, consistait à interviewer des gens, selon diverses techniques, sur des sujets variés. C’était un travail difficile, qui exigeait, pour le moins, une forte concentration nerveuse, mais il ne manquait pas d’intérêt, était relativement bien payé, et laissait un temps libre appréciable. 


Comme presque tous leurs collègues, Jérôme et Sylvie étaient devenus psychosociologues par nécessité, non par choix. Nul ne sait d'ailleurs où les aurait menés le libre développement d'inclinations tout à fait indolentes. L'histoire, là encore, avait choisi pour eux. Ils auraient aimé, certes, comme tout le monde, se consacrer à quelque chose, sentir en eux un besoin puissant, qu'ils auraient appelé vocation, une ambition qui les aurait soulevés, une passion qui les aurait comblés. Hélas, ils ne s'en connaissaient qu'une: celle du mieux-vivre, et elle les épuisait. Etudiants, la perspective d'une pauvre licence, d'un poste à Nogent-sur-Seine, à Château-Thierry ou à Etampes, et d'un salaire petit, les épouvanta au point qu'à peine se furent-ils rencontrés - Jérôme avait alors vingt et un ans, Sylvie dix-neuf - ils abandonnèrent, sans presque avoir besoin de se concerter, des études qu'ils n'avaient jamais vraiment commencées. Le désir de savoir ne les dévorait pas; beaucoup plus humblement, et sans se dissimuler qu'ils avaient sans doute tort, et que, tôt ou tard, viendrait le jour où ils le regretteraient, ils ressentaient le besoin d'une chambre un peu plus grande, d'eau courante, d'une douche, de repas plus variés, ou simplement plus copieux que ceux des restaurants universitaires, d'une voiture peut-être, de disques, de vacances, de vêtements. 



Depuis plusieurs années déjà, les études de motivation avaient fait leur apparition en France. Cette année-là, elles étaient encore en pleine expansion. De nouvelles agences se créaient chaque mois, à partir de rien, ou presque. On y trouvait facilement du travail. Il s'agissait, la plupart du temps, d'aller dans les jardins publics, à la sortie des écoles, ou dans les H.L.M. de banlieue, demander à des mères de famille si elles avaient remarqué quelque publicité récente, et ce qu'elles en pensaient. Ces sondages-express, appelés testings ou enquêtes-minute, étaient payés cent francs. C'était peu, mais c'était mieux que le baby-sitting, que les gardes de nuit, que la plonge, que tous les emplois dérisoires - distribution de prospectus, écritures, minutage d'émissions publicitaires, vente à la sauvette, lumpen-tapirat - traditionnellement réservés aux étudiants. Et puis, la jeunesse même des agences, leur stade presque artisanal, la nouveauté des méthodes, la pénurie encore totale d'éléments qualifiés pouvaient laisser entrevoir l'espoir de promotions rapides, d'ascensions vertigineuses.



(…) 



Leurs résultats furent honorables. Ils continuèrent sur leur lancée. Ils ramassèrent un peu partout des bribes de sociologie, de psychologie, de statistiques; ils assimilèrent le vocabulaire et les signes, les trucs qui faisaient bien: une certaine manière, pour Sylvie, de mettre ou d'enlever ses lunettes, une certaine manière de prendre des notes, de feuilleter un rapport, une certaine manière de parler, d'intercaler dans leurs conversations avec les patrons, sur un ton à peine interrogateur, des locutions du genre de: «... n'est-ce pas...», «... je pense peut-être...», «... dans une certaine mesure...», «... c'est une question que je pose...», une certaine manière de citer, aux moments opportuns, Wright Mills, William Whyte, ou, mieux encore, Lazarsfeld, Cantril ou Herbert Hyman, dont ils n'avaient pas lu trois pages.



Ils montrèrent pour ces acquisitions strictement nécessaires, qui étaient l'a b c du métier, d'excellentes dispositions et, un an à peine après leurs premiers contacts avec les études de motivation, on leur confia la lourde responsabilité d'une «analyse de contenu»: c'était immédiatement au-dessous de la direction générale d'une étude, obligatoirement réservée à un cadre sédentaire, le poste le plus élevé, donc le plus cher, et partant le plus noble, de toute la hiérarchie. Au cours des années qui suivirent, ils ne descendirent plus guère de ces hauteurs. 


Et pendant quatre ans, peut-être plus, ils explorèrent, interviewèrent, analysèrent. Pourquoi les aspirateurs-traîneaux se vendent-ils si mal? Que pense-t-on, dans les milieux de modeste extraction, de la chicorée? Aime-t-on la purée toute faite, et pourquoi? Parce qu'elle est légère? Parce qu'elle est onctueuse? Parce qu'elle est si facile à faire: un geste et hop? Trouve-t-on vraiment que les voitures d'enfant sont chères? N'est-on pas toujours prêt à faire un sacrifice pour le confort des petits? Comment votera la Française? Aime-t-on le fromage en tube? Est-on pour ou contre les transports en commun? A quoi fait-on d'abord attention en mangeant un yaourt: à la couleur? à la consistance? au goût? au parfum naturel? Lisez-vous beaucoup, un peu, pas du tout? Allez-vous au restaurant? Aimeriez-vous, madame, donner en location votre chambre à un Noir? Que pense-t-on, franchement, de la retraite des vieux? Que pense la jeunesse? Que pensent les cadres? Que pense la femme de trente ans? Que pensez-vous des vacances? Où passez-vous vos vacances? Aimez-vous les plats surgelés? Combien pensez-vous que ça coûte, un briquet comme ça? Quelles qualités demandez-vous à votre matelas? Pouvez-vous me décrire un homme qui aime les pâtes? Que pensez-vous de votre machine à laver? Est-ce que vous en êtes satisfaite? Est-ce qu'elle ne mousse pas trop? Est-ce qu'elle lave bien? Est-ce qu'elle déchire le linge? Est-ce qu'elle sèche le linge? Est-ce que vous préféreriez une machine à laver qui sécherait votre linge aussi? Et la sécurité à la mine, est-elle bien faite, ou pas assez selon vous? (Faire parler le sujet: demandez-lui de raconter des exemples personnels; des choses qu'il a vues; est-ce qu'il a déjà été blessé lui-même? comment ça s'est passé? Et son fils, est-ce qu'il sera mineur comme son père, ou bien quoi?) 

Il y eut la lessive, le linge qui sèche, le repassage. Le gaz, l'électricité, le téléphone. Les enfants. Les vêtements et les sous-vêtements. La moutarde. Les soupes en sachets, les soupes en boîtes. Les cheveux: comment les laver, comment les teindre, comment les faire tenir, comment les faire briller. Les étudiants, les ongles, les sirops pour la toux, les machines à écrire, les engrais, les tracteurs, les loisirs, les cadeaux, la papeterie, le blanc, la politique, les autoroutes, les boissons alcoolisées, les eaux minérales, les fromages et les conserves, les lampes et les rideaux, les assurances, le jardinage.

Rien de ce qui était humain ne leur fut étranger. 

Pour la première fois, ils gagnèrent quelque argent. Leur travail ne leur plaisait pas: aurait-il pu leur plaire? Il ne les ennuyait pas trop non plus. Ils avaient l'impression de beaucoup y apprendre. D'année en année, il les transforma. 

Ce furent les grandes heures de leur conquête. Ils n'avaient rien; ils découvraient les richesses du monde. 


(…) 



Ils changeaient, ils devenaient autres. Ce n'était pas tellement le besoin, d'ailleurs réel, de se différencier de ceux qu'ils avaient à charge d'interviewer, de les impressionner sans les éblouir. Ni non plus parce qu'ils rencontraient beaucoup de gens, parce qu'ils sortaient, pour toujours, leur semblait-il, des milieux qui avaient été les leurs. Mais l'argent - une telle remarque est forcément banale - suscitait des besoins nouveaux. Ils auraient été surpris de constater, s'ils y avaient un instant réfléchi - mais, ces années-là, ils ne réfléchirent point - à quel point s'était transformée la vision qu'ils avaient de leur propre corps, et, au-delà, de tout ce qui les concernait, de tout ce qui leur importait, de tout ce qui était en train de devenir leur monde. 


Tout était nouveau. Leur sensibilité, leurs goûts, leur place, tout les portait vers des choses qu'ils avaient toujours ignorées. Ils faisaient attention à la manière dont les autres étaient habillés; ils remarquaient aux devantures les meubles, les bibelots, les cravates; ils rêvaient devant les annonces des agents immobiliers. Il leur semblait comprendre des choses dont ils ne s'étaient jamais occupés: il leur était devenu important qu'un quartier, qu'une rue soit triste ou gaie, silencieuse ou bruyante, déserte ou animée. Rien, jamais, ne les avait préparés à ces préoccupations nouvelles; ils les découvraient, avec candeur, avec enthousiasme, s'émerveillant de leur longue ignorance. Ils ne s'étonnaient pas, ou presque pas, d'y penser presque sans cesse. 

*******

Ils étaient fiers d’avoir payé quelque chose moins cher, de l’avoir eu pour rien, pour presque rien. Ils étaient plus fiers encore (mais l’on paie toujours un peu trop cher le plaisir de payer trop cher) d’avoir payé très cher, le plus cher, d’un seul coup, sans discuter, presque avec ivresse, ce qui était, ce qui ne pouvait être que le plus beau, le seul beau, le parfait. Ces hontes et ces orgueils avaient la même fonction, portaient en eux les mêmes déceptions, les mêmes hargnes. Et ils comprenaient, parce que partout, tout autour d’eux, tout le leur faisait comprendre, parce que l’on le leur enfonçait dans la tête à longueur de journée, à coups de slogans, d’affiches, de néons, de vitrines illuminées, qu’ils étaient toujours un petit peu plus bas dans l’échelle, toujours un petit peu trop bas. Encore avaient-ils cette chance de n’être pas, loin de là, les plus mal lotis. 


Ils étaient des « hommes nouveaux », des jeunes cadres n’ayant pas encore percé toutes leurs dents, des technocrates, à mi-chemin de la réussite. Ils venaient, presque tous, de la petite-bourgeoisie, et ses valeurs, pensaient-ils, ne leur suffisaient plus : ils lorgnaient avec envie, avec désespoir, vers le confort évident, le luxe, la perfection des grands bourgeois. 


*******


Ils prirent part à quelques manifestations. (…) Ils regardaient les autres manifestants avec des petits sourires crispés, cherchaient leurs amis, essayaient de parler d’autre chose. Puis les cortèges se formaient, s’ébranlaient, s’arrêtaient. Du milieu de leur foule, ils voyaient, devant eux, une grande zone d’asphalte humide et lugubre, puis, sur toute la largeur du boulevard, la ligne noire, épaisse, des CRS. Des files de camions bleu nuit, aux vitres grillagées, passaient au loin. Ils piétinaient, se tenant la main, moites de sueur, osaient à peine crier, se dispersaient en courant au premier signal. 



Ce n’était pas grand-chose. Ils en étaient les premiers conscients et se demandaient souvent, au milieu de la cohue, ce qu’ils faisaient là, dans le froid, sous la pluie, dans ces quartiers sinistres – la Bastille, la Nation, l’Hôtel de Ville. Ils auraient aimé que quelque chose leur prouve que ce qu’ils faisaient était important, nécessaire, irremplaçable, que leurs efforts peureux avaient un sens pour eux, étaient quelque chose dont ils avaient besoin, quelque chose qui pouvait les aider à se connaître, à se transformer, à vivre. Mais non ; leur vraie vie était ailleurs, dans un avenir proche ou lointain, plein de menaces lui aussi, mais de menaces plus subtiles, plus sournoises : des pièges impalpables, des rets enchantés. 



*******



D’autres fois, ils n’en pouvaient plus. Ils voulaient se battre, et vaincre. Ils voulaient lutter, conquérir leur bonheur. Mais comment lutter ? Contre qui ? Contre quoi ? Ils vivaient dans un monde étrange et chatoyant, l’univers miroitant de la civilisation mercantile, les prisons de l’abondance, les pièges fascinants du bonheur. 



Où étaient les dangers ? Où étaient les menaces ? Des millions d’hommes, jadis, se sont battus, et même se battent encore, pour du pain. Jérôme et Sylvie ne croyaient guère que l’on pût se battre pour des divans Chesterfield. Mais c’eût été pourtant le mot d’ordre qui les aurait le plus facilement mobilisés. Rien ne les concernait, leur semblait-il, dans les programmes, dans les plans : ils se moquaient des retraites avancées, des vacances allongées, des repas de midi gratuits, des semaines de trente heures. Ils voulaient la surabondance ; ils rêvaient de platines Clément, de plages désertes pour eux seuls, de tours du monde, de palaces. 



L’ennemi était invisible. Ou, plutôt, il était en eux, il les avait pourris, gangrénés, ravagés. Ils étaient les dindons de la farce. De petits êtres dociles, les fidèles reflets du monde qui les narguait. Ils étaient enfoncés jusqu’au cou dans un gâteau dont ils n’auraient jamais que les miettes. 



*******



Ils tentèrent de fuir. 



On ne peut vivre longtemps dans la frénésie. La tension était trop forte en ce monde qui promettait tant, qui ne donnait rien. Leur impatience était à bout. Ils crurent comprendre, un jour, qu’il leur fallait un refuge. 



*******



Il leur semblait maintenant que, jadis – et ce jadis chaque jour reculait davantage dans le temps, comme si leur histoire antérieure basculait dans la légende, dans l’irréel ou dans l’informe -, jadis, ils avaient eu au moins la frénésie d’avoir. Cette exigence, souvent, leur avait tenu lieu d’existence. Ils s’étaient sentis tendus en avant, impatients, dévorés de désirs. 



Et puis ? Qu’avaient-ils fait ? Que s’était-il passé ?



Quelque chose qui ressemblait à une tragédie tranquille, très douce, s’installait au cœur de leur vie ralentie. Ils étaient perdus dans les décombres d’un très vieux rêve, dans des débris sans forme. 


Il ne restait rien. Ils étaient à bout de course, au terme de cette trajectoire ambiguë qui avait été leur vie pendant six ans, au terme de cette quête indécise qui ne les avait menés nulle part, qui ne leur avait rien appris. 

"


Georges Perec, Les Choses, Une histoire des années soixante, 1965



Je veux










dimanche 19 octobre 2014

Constituante pour une VIème

On parle de VIème République. Beaucoup. Depuis longtemps. Est-ce la solution? Si oui, faut-il une Constituante ou doit-on imposer directement les nouvelles institutions? 



Plusieurs projets de VIème République circulent désormais et la crise morale que traverse notre pays rend les attentes, les désirs de changements, plus pressants.

Chez Article Deux, les avis divergent à ce sujet. Certains sont partisans de la c6r d'Arnaud Montebourg, d'autres du m6r de Jean-Luc Mélenchon.

D'autres encore pensent que la Vème n'est pas si mal et qu'il conviendrait seulement de l'adapter un peu pour lui donner les moyens de fonctionner correctement, du moins d'être à nouveau en accord avec son principe, qui donne son nom à notre blog: «Gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple.» Principe dont il faut bien reconnaître que les institutions se sont éloignées.

On entend souvent les hommes politiques déclarer qu'il faut redonner la parole au peuple, qu'ils savent, parce qu'ils se rendent sur les marchés, qu'ils sont en lien direct avec la France, ce que veulent les gens, les citoyens, les électeurs, vous, moi... Pourtant... ce n'est pas vraiment l'impression générale dégagée...

Il suffit d'observer l'image des professionnels de la politique, les taux d'abstention aux scrutins, et les pourcentages inquiétants des votes qualifiés de sanction...

Certains pensent donc au sein de notre modeste équipe que passer à une VIème République serait inutile si l'élaboration des institutions n'était pas réalisée différemment. Peut-on concevoir par exemple cette VIème sans assemblée constituante préalable? Peut-on faire confiance à des institutions rédigées intégralement par ceux là même qui doivent les respecter, les faire respecter, les appliquer? N'observe-t-on pas que les hommes politiques depuis des décennies ont une fâcheuse tendance à s'accommoder des institutions en fonction de leurs intérêts personnels? Une fois sur les bancs des assemblées, ne les voit-on pas en priorité voter des lois qui les arrangent? Ne les entend-on pas renier ouvertement tous les engagements de campagne électorale, toutes les promesses lancées à la face des citoyens dans le seul but de se faire élire?

On ne peut mettre tous les hommes politiques dans le même panier, il est vrai. Tous ne sont pas des opportunistes débordant d'ambitions, adorateurs de Machiavel. Mais il faudrait être sacrément naïf pour nier les questionnements énoncés ci dessus...

Sans constituante, les nouvelles institutions ne seraient choisies qu'en fonction de la personnalité politique qui les aurait proposées. Comme ce fut le cas pour la Vème, indissociable de De Gaulle.

Une Assemblée pourrait avoir pour unique tâche de rédiger la nouvelle constitution et serait dissoute après acceptation par référendum des nouvelles institutions par l'ensemble du corps électoral.

Son mode de recrutement devrait être particulier à cette mission.

Imaginons un nombre de 600 constituants. Prenons :

125 députés Ump
125 députés PS
20 députés centristes
20 députés verts
20 députés extrême gauche
20 députés extrême droite
20 députés non apparentés.

Soit 350 députés issus du monde politique, relativement représentatifs de l'image des dernières assemblées et de l'univers politique français des dernières décennies. Ces chiffres pourraient être affinés bien entendu pour une image plus fidèle. (175 hommes, 175 femmes ).

Les citoyens devraient aussi choisir 50 constituants issus du monde des lettres, des sciences, de la recherche, des arts... (25 hommes, 25 femmes).

Ces 400 constituants seraient élus au suffrage universel direct sur listes par région. Chaque électeur devrait désigner des noms dans chaque groupe parlementaire défini. Il devrait donc obligatoirement sortir de son univers de partisan ou de sympathisant. Cela serait peut-être le moyen de sortir des cadres habituels des partis et pousser à la notion de consensus, notion indispensable pour l'élaboration des institutions. Le rôle d'une Constituante étant de permettre l'élaboration de règles susceptibles de convenir à toutes les nuances républicaines pour favoriser une conduite plus saine des affaires de la Nation.

Les 200 autres constituants ne seraient pas élus. Ils seraient tirés au sort sur les listes électorales. Là encore ces 200 personnes devraient être représentatives de la structure de la population française. Les chiffres du recensement auraient une utilisation concrète. Âge, sexe, catégorie sociale, actif, inactif, diplômé, non diplômé, issu de l'immigration, religieux, militaires, artisans, agriculteurs, ouvriers, médecins, professeurs, ...

Deux présidents seraient choisis préalablement. Deux figures emblématiques de la République. Un homme. Une femme.

Le but est de responsabiliser le peuple. Il s'agit d'établir les règles de la représentation nationale, de sa souveraineté. Le but est d'imposer la présence directe des citoyens au cœur de l'établissement des nouvelles institutions afin de proposer des mesures résolument inédites et rappeler directement dans l'hémicycle les éventuels manquements des professionnels de la politique. Ainsi, des mesures comme la révocation d'un élu, le recours régulier au référendum, le droit de vote au niveau local des étrangers, les conditions de rémunérations des élus, le régime de retraite de ces derniers, et d'autres encore, ne seraient plus des leurres électoralistes.

Nous attendons vos réactions, vos idées, vos rejets, vos encouragements...

Voici les liens vers les projets cités plus haut:






après le 5 et avant le 7





vendredi 10 octobre 2014

Les serviteurs de l'Etat...

Un bon peuple, d'un bon pays aux mœurs démocratiques, lassé des tracas de son trésor, se choisit un jour comme dirigeant un comte que l'on disait à la parole crue et courageuse... 


Bien que souhaitant plus que tout être le premier d'entre eux et le mieux rémunéré, ce candidat perpétuel à la magistrature suprême tançait sans cesse les agents de l'État. Leurs traitements garantis, leurs effectifs conséquents, leurs avantages indécents, leurs vacances abondantes, leur oisiveté légendaire, étaient la cause de tous les malheurs de la communauté parce qu'ils étaient, selon lui, coupables du déséquilibre des comptes du pays. 


On croyait dans ces moments, en effet, que le bien-être d'une contrée dépendait de la prospérité des affaires et du commerce, mais avant tout de la probité de ses comptes. La désignation persistante des responsables des déficits communs avait fini de convaincre des sujets crédules et fatigués.

Pour une fois, les promesses furent tenues. Haro sur le maître d'école, haro sur le professeur, haro sur la maréchaussée, haro sur le contrôleur des tailles et dîmes, haro sur les administrateurs des municipalités, haro sur les personnels de santé, haro sur tout ce qui recevait deniers de l'État: on remercia prestement la moitié des contingents de ses serviteurs.


Les comptes, pour une obscure raison, ne retrouvèrent pas une saine balance. De plus, les administrés manifestèrent leur colère face aux tracas infinis du quotidien qui leur coûtaient finalement bien plus qu'au temps d'avant. 

Les plus virulents et avides soutiens du ci-devant commandant étaient ceux qui se proclamaient les forces vives et entreprenantes de la nation. Les maîtres restaurateurs, les maîtres hôteliers, les artisans de bouche, les corporations du tourisme, n'étaient point les derniers et avaient piaffé d'impatience et pesté contre les nantis, les oisifs, les nuisibles qui ne rapportaient rien au bien commun et grevaient le budget. 


Ils comprirent bien tard que la bonne marche de leurs affaires, (leurs carnets étaient maintenant vides et leurs stocks pleins), dépendait pour beaucoup des émoluments assurés et des congés réguliers des employés publics bannis...


On entendit dès lors que le bon mot de monsieur Molière, «Presque tous les hommes meurent de leur remède et non pas de leur maladie», s'appliquait autrement qu'en matière médicale.



Tout va bien se passer

vendredi 3 octobre 2014

Charte: Article treize

Il semble plus que jamais nécessaire de rappeler à nos élus les principes de notre République. Il semble plus que jamais nécessaire de leur rappeler leur mission. Face à la défiance grandissante dont ils sont l'objet il convient de leur montrer que nous, citoyens, attendons d'eux une conduite irréprochable dans la conduite des affaires publiques.


Article treize de la charte de représentant du peuple:



Le représentant du peuple doit se montrer digne de sa fonction et de la confiance que les citoyens ont placée en lui : toujours agir avec sens civique, avec vertu, avec honneur.




lundi 29 septembre 2014

Miss Le Pen goes to the Elysée?

Bref retour sur les élections sénatoriales du 28 septembre 2014.



"Jamais 2 sans 3" nous dit le dicton populaire.

Et en effet, après les municipales puis les européennes, François Hollande perd sa 3ème élection d’affilée avec les sénatoriales; le calendrier électoral permettant de réaliser cette prouesse en…six mois.

Plus qu’une énième analyse sur les causes profondes de cet échec électoral, ce qui semble plus significatif est l’entrée de deux sénateurs appartenant au FN.

Dont, symbolique là encore, le plus jeune, âgé de seulement 26 ans.

Comment ne pas y voir une fois de plus un exemple démontrant que le FN est plus que solidement ancré dans maintenant toutes les strates de la politique française ?


Du fait du mode de scrutin particulier, composé d’un collège dit de «grands électeurs», le FN en parvenant à élire deux des siens démontre qu’une étape de plus a été franchie dans le long cheminement vers le pouvoir du dorénavant « premier parti de France ».

Car si maintenant, après les ouvriers, les jeunes, les chômeurs, les élites composés d’élus territoriaux se mettent à voter eux aussi pour le FN, alors comment s’étonner que Marine Le Pen puisse un jour accéder à l’Elysée ?

Se contenter de dire que le FN est un vote anti système et protestataire ne tient plus, preuve en est puisque ce sont des représentants même dudit
système, et qui ne souffrent pas de déclassement social, qui ont voté pour deux élus FN Dimanche…"
 S.M. 

jeudi 25 septembre 2014

Un appel

Suite à l’exécution, d'un otage français par des fanatiques en Algérie,... Toutes nos condoléances à la famille et aux proches de Monsieur Hervé Gourdel. Assassiné parce que Français. Quelques remarques et un appel...  


«Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant? 

Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains; ils ressemblent à ce vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait.»

Voltaire définissait ainsi le fanatisme dans son dictionnaire philosophique au XVIIIe siècle. Après le temps de la philosophie doit venir le temps de l'action disait Victor Hugo. 

La première des actions serait peut-être d'entendre les partisans d'un Islam dit «modéré» ou devrait-on dire du «véritable» Islam puisqu'il paraît qu'il ne s'agit même pas, concernant ces groupes de lâches meurtriers d'un extrémisme musulman. 

S'il s'agit d'une usurpation des paroles de leur prophète, il doivent RÉELLEMENT la condamner et se démarquer d'abord par les mots puis par les actes. «Qui ne dit mot consent» affirme l'adage populaire. Il y a donc des silences qui, s'ils ne sont pas encore coupables, vont finir par devenir suspects.

Va-t-on assister à l'organisation de manifestations de colère, d'indignation en réaction à cette lâche exécution d'un civil français? Va-t-on assister à des marches de soutien pour cette victime innocente, un touriste; pas un journaliste ou un membre d'une organisation humanitaire soi-disant symbole de l'impérialisme occidental? 

Les partisans de l'islam modéré et/ou véritable en ont assez d'être assimilés à ces barbares? Nous sommes dans un état de droit, ils peuvent le crier haut et fort, montrer que leur silence n'est pas complice. Après tout, en France, même lorsqu'elles sont interdites, les manifestations se déroulent malgré tout... 

«L'union fait la force», renchérit la parole populaire... Joignez-vous, amis musulmans de France et du monde entier, au recueillement, à l'indignation, suscités par cet énième meurtre perpétré en votre nom... 

Montrez au grand jour que vous vous démarquez de ces fanatiques menés par des «fripons». Vous avez le droit de le faire, et cela tombe bien car c'est votre devoir... 

Vous êtes les premiers à pouvoir enrayer la spirale de la violence et empêcher un conflit de civilisation qui apparaît de plus en plus flagrant. A vous de faire qu'il ne soit pas inéluctable. Répondez donc aux appels des responsables du culte. Mais soyez nombreux. Mobilisez-vous quotidiennement. Affichez votre pratique religieuse au grand jour pour la défendre , puisqu'elle est bafouée; mettez la au service de la cause de celui qui ne la partage pas, prouvez par là sa grandeur, et réfutez les arguments des partisans de la stigmatisation et du racisme. 

Dans le cas contraire...



A quand  la prochaine victime?

dimanche 21 septembre 2014

Première République


Le 22 Septembre 1792 voit la naissance de la République en France.



Le décret abolissant la monarchie est décidé par l'Assemblée le 21 septembre et daté du même jour.



Il est collationné le lendemain 22 septembre 1792, qui devient le premier jour de l'an I de la République.

samedi 13 septembre 2014

Lérézosossio

Après lecture d'un article concernant l'impact des réseaux sociaux et l'économie numérique, quelques réactions à ce sujet resurgissent. Vers un monde meilleur ou déjà le meilleur des mondes?



Des pages Facebook suscitent l'engouement et enregistrent des nombres de clics impressionnants et certains attribuent aussitôt un rôle majeur aux réseaux sociaux quant à la notion d'engagement politiques de leurs utilisateurs. On avance des bouleversements sociologiques issus de la pratique accrue des réseaux numériques : nouvelles façons de penser, nouvelles façons d’agir, et pourquoi pas, nouveaux mode de vie.



Or, en y regardant de plus près, si des comptes Facebook ou des comptes Youtube captent une audience considérable c'est parce que ces derniers ont été mentionnés, à un moment ou à un autre, par les médias traditionnels et notamment par la télévision. D’un coup l’amplification opère.



Des enquêtes ont montré ainsi le décollage, après multiples passages dans les journaux télévisés, de la page Facebook de soutien au bijoutier qui avait tué son agresseur. A noter ici qu’une même page, pour un fait divers identique, est quant à elle restée quasiment confidentielle, parce que complètement ignorée par la télévision, celle du soutien à un légionnaire ayant tué un dealer. 



Ces pages de toute façon ont un caractère éphémère. Si elles sont fulgurantes à leur lancement, elles tombent généralement vite dans l'oubli et s'avèrent d'une inutilité totale. Sur quelles initiatives, sur quelles actions concrètes a débouché la page de soutien au bijoutier?



La mobilisation récente des Sans-dents devant l'Élysée a été très faible en rapport au nombre de clics qu'elle avait récolté en quelques heures. Elle n'a même pas réussi à profiter de la spontanéité de l'initiative. Quel sera l'avenir d'une telle page?



On met souvent en avant le rôle des réseaux sociaux lors des printemps arabes. Or, où en sont maintenant ces initiatives populaires? Si on peut attribuer aux réseaux sociaux, éventuellement, la qualité d'élément déclencheur, (il faudrait là aussi mettre en parallèle le rôle des journaux et de la télévision qui ont repris le martyr de l'homme qui s'est immolé par le feu, peut-être vrai déclencheur de la révolution en Tunisie), force est de constater qu'ils n'ont absolument pas réussi à bâtir un lien durable entre les manifestants et qu'il n'y a eu aucun rôle vraiment fédérateur sur le long terme. Il suffit de constater aujourd'hui la situation politique des pays concernés.



On affirme que les réseaux sociaux sont le signe d'un changement de psychologie de la société... Vraiment? Et si Internet et les réseaux sociaux n'étaient que le lieu d'expression de comportements très classiques? Les réseaux sociaux s’apparentent ainsi très souvent à un exutoire, à la manifestation d’une colère spontanée.



Sur le coup de l’émotion, de l’emportement, de nombreux internautes cliquent frénétiquement sur tout et n’importe quoi. Les soutiens donnés à une page le sont sans aucune connaissance des principes, des idées de cette dernière (quand il y en a). Les soutiens donnés à une page le sont sans connaitre les initiateurs et les animateurs (quand ils se présentent)… Ainsi, en observant les mentions « j’aime une page » de ses contacts, on se rend compte parfois de certaines contradictions flagrantes…



Parce que le lieu de la vitesse et de l’émotion, les réseaux sociaux sont des modes d'expressions de vindicte et d'échanges haineux. N'importe quel post sur Facebook ou Twitter, concernant la politique ou des faits divers, bascule très vite dans des propos, méprisants, insultants, dégradants. Il n'est pas rare que certains thèmes, comme l'immigration, déclenchent, dans l'impunité la plus totale, ni plus ni moins, que des appels aux meurtres.



Parce que le lieu de la vitesse et de l’émotion, les réseaux sociaux mettent à distance la raison. Les commentaires ne sont que rarement argumentés, justifiés. Sur Twitter, c’est de toute façon, impossible. Les mots sont annihilés par les vidéos, les photos, les montages, les slogans, les logos. Les « posts » publiés sur le réseau Facebook, sont toujours très courts et sont très souvent des remarques personnelles, des réactions sur le vif, et les hoax circulent, se partageant de contact en contact sans jamais la moindre vérification. Facebook est sans aucun doute dans toute l’histoire de l’humanité l’outil le plus formidable de propagation de rumeurs, le plus formidable outil de propagande jamais conçu.



Les réseaux sociaux sont aussi la formidable illustration de la cruauté humaine. Ainsi, au-delà des réactions violentes par les mots, on a droit à des images de guerre, de cadavres, d’exécutions d’otages, mais aussi gratuitement, à des vidéos de torture, de mises à mort d'animaux, (âne jeté d'une falaise, chaton brûlé vif par des adolescents hilares), ou de brimades de bandes vis à vis d'un camarade déficient mental.



Les réseaux sociaux sont aussi l'expression d'un narcissisme au degré jamais atteint. Chacun peut se mettre en scène, sur un écran. Internet et les réseaux sociaux permettent d'accomplir le fantasme de se donner en spectacle devant la foule, de se donner l’illusion d’être l’égal des vedettes des petits ou grands écrans traditionnels. Fantasme symbolisé par le fameux «coucou» à la caméra: «maman je passe à la télé». La télévision a pendant longtemps entretenu ce désir de notoriété mais sans permettre au plus grand nombre de le réaliser. Ce que la diffusion télévisée n'a pu offrir, Facebook le permet au quotidien. On écrit ses états d'âme pour attirer l'attention. On partage des moments très personnels avec des gens que l'on n'a même jamais vus, depuis les galipettes de son chat jusqu'au rot du petit dernier. L'autre versant de ce narcissisme est bien entendu la tendance humaine au voyeurisme. Là aussi Facebook assouvit pleinement cette part de la nature humaine.



Les réseaux sociaux ne sont finalement rien d'autre qu'un nouveau support où des comportements, des désirs, des fantasmes, typiques de la nature humaine s'expriment. Tout n’est, avec cette évolution technologique, qu’une question de proportion.



Tout ne serait pas négatif au royaume des réseaux sociaux. On avance l'idée qu’ils représentent l'espoir d'un monde meilleur par une meilleure diffusion des initiatives caritatives et solidaires.



Là encore, il faudrait peut-être relativiser et évoquer une certaine perversité du rôle des réseaux sociaux, de Facebook aux blogs... S'ils illustrent la générosité humaine, ils sont aussi le signe d'un désengagement de la chose publique dans les régimes démocratiques où ils sont les plus influents. L'initiative individuelle prend peu à peu le relai d'une solidarité nationale défaillante. Les réseaux sociaux ne sont finalement que les complices (volontaires ou involontaires) du système ultralibéral qui prône avant tout le désengagement de l'État et l'éradication de ce que l'on appelait l'État providence. De multiples associations de charité, pour le système capitaliste ultralibéral, cela vaut mieux qu'un organisme étatique. Les réseaux sociaux ne sont qu'un outil très pratique de diffusion des informations relatives à des initiatives généreuses assurant la disparition progressive des institutions de sécurité publique.



Les réseaux sociaux? Illustration, promesse d'un monde meilleur? Observons l'organisation et l'évolution de cette réalité numérique. Elle tend à ressembler fortement à ce que nous connaissons déjà. La logique d'un capitalisme ultralibéral se manifeste là encore avec l'hyper concentration de son économie. Les géants, Facebook, Google, rachètent tout. La moindre application à succès est avalée aussitôt par le système. A coups de milliards... un monde meilleur? Uniformité planétaire des comportements par uniformité planétaire des supports. Facebook, Google ne sont rien d'autre que Mac Donald sur un PC, un Mac, une tablette, ou un téléphone. Même logique. Mêmes caractéristiques. Mêmes conséquences.



C'est la grande force d'un système en place de faire croire à son aspect transgressif.



Finalement, Internet n'est rien d'autre qu'un vaste espace commercial tel que tous les plus fervents capitalistes n'auraient jamais pu le rêver: zone de publicité infinie et de vente permanente.



La gratuité du net n'a toujours été qu'un leurre. Le piratage, le téléchargement illégal des premiers moments n'ont été que tolérés pour mieux ancrer de nouvelles habitudes de consommation auprès des clients. L'achat en ligne permet de réduire énormément les coûts pour les grands groupes. Pas de magasin, pas d'espace de vente, moins de personnels, moins d'entretien... pour un prix de vente quasi-identique, ce qui permet une augmentation des marges. Les produits musicaux ou cinématographiques numériques proposés par Internet sont encore plus avantageux pour le vendeur puisque le support a complément disparu. Même plus de transport, même plus de livraison. Même plus de production de jaquette, de livret... C'est au consommateur de payer son propre support, stockage musical, stockage vidéo, le tout pour une qualité sonore et visuelle moindre.



Internet n'est rien d'autre qu'un supermarché où les produits, proposés avec moins de services, d'une qualité inférieure, sont quasiment vendus au même prix que dans un magasin traditionnel.



L'argent est omniprésent sur les réseaux sociaux et rien, pas même ce que vous publiez, ne vous appartient. La quasi-totalité des blogs, même personnels, comporte des publicités puisque les fournisseurs d'espaces font croire aux blogueurs qu'ils peuvent gagner de l'argent avec leurs pages en échange de quelques bannières. Les jeunes «youtubers» sont très vite rattrapés par le système et se retrouvent sponsorisés par toutes sortes de marques... Une bonne partie d'un écran Facebook est consacrée aux publications sponsorisées, aux publicités. Cette part de l’écran est générée, grâce aux cookies, par vos clics précédents sur tels ou tels liens, par vos consultations de telles ou telles pages ou par des algorithmes analysant le contenu de vos mails.



Quels sont les grands groupes du réseau? Des entreprises publicitaires auxquels on attribue de soi-disant vertus communicatives, participatives et informatives. Facebook, Google sont des programmes informatiques gratuits et selon l'adage marketing bien connu c'est que vous en êtes la cible et même le produit. Le troisième plus grand groupe est Amazon, site international de vente en ligne de tout ce qui peut s'acheter, de la littérature aux couches culottes. Et ces groupes atteignent des positions de quasi monopoles. Évolution classique du capitalisme moderne.



On fait croire que l'économie numérique est en marge, que c'est un espace qui ne suscite que peu les investissements d'une élite qui ne mesure pas encore son potentiel. Pure propagande pour toujours donner l'illusion de la particularité du réseau, pour toujours lui attribuer l'image d'un espace subversif et de liberté alors que vous y êtes en réalité surveillé en permanence et que ce qu'on y appelle liberté n'est en fait que licence et chaos. Internet, les réseaux sociaux en particulier, sont des zones de non-droit... La liberté ne consiste pas à faire ou dire tout ce que l'on veut, où l'on veut, quand on veut. La liberté suppose la loi, suppose la notion de limite. Ceci s'apprend dans les classes de lycée mais ne s'applique aucunement sur les réseaux sociaux.  



Rappelez-vous les débuts du réseau dans les années 90. Immédiatement, il a été envahi par la publicité. Très vite, le système y a vu son intérêt. Le réseau a été très vite accaparé, gangrené. Tout y a été organisé pour que son utilisateur devienne un consommateur. Tout y a été élaboré pour connaître au mieux tous ses centres d'intérêts et toutes ses habitudes pour lui faire acheter plus encore.



On remarquera pour conclure que les aventures de Monsieur Snowden n’ont finalement pas bouleversé le monde tel que nous le connaissons. Révélations, il y a eu. Certes. Internet, le numérique, allait offrir aux peuples du monde entier la vérité et provoquer un séisme politique sans précédent… Or, l’essentiel est resté secret. Le monde continue d’aller comme il va. Ceci n’a pas tué cela.


tout le monde est mon ami... 

samedi 6 septembre 2014

Entrons dans la danse...

Les #citoyens d'aujourd'hui sont plus mesurés que leurs aînés. Vous ne trouvez pas? 


La #République est bien enracinée, la culture démocratique est forte. Le temps des barricades, des soulèvements politiques, semble lointain. La preuve? Depuis plus de quarante ans, disons le clairement, on joue du pipeau aux citoyens, ... Et le silence règne. 

Inexorablement, les désillusions succèdent aux promesses... Un camp ne vaut pas mieux que l'autre dans le respect de ses engagements électoraux... Un camp ne vaut pas mieux que l'autre pour améliorer le bien-être des citoyens... ce qui est bien le but pourtant de la gestion des affaires de l'État. 

Au lieu de crier sa colère, le citoyen s'éloigne de ses responsabilités. Il ne s'engage plus. Il milite moins. Il ne s'informe plus, ou mal, rapidement, par facilité, sans remise en question, sans confrontation... Il ne vote presque plus... «Le premier parti de France est l'abstention». Tout le monde s'est habitué à cette rengaine... 

Lassitude. Indifférence. Mépris pour ces professionnels de la chose publique si éloignés de ses réalités; connaissances sommaires de plus en plus péniblement offertes par un système scolaire en perdition; plus certainement et concrètement, réelle fatigue liée à une existence et à une survie de plus en plus difficile; le citoyen n'en est presque plus un et ne se rend même pas compte qu'il redevient un sujet... Tout doucement. Lentement... Gentiment... Il assiste au spectacle des puissants, d'un oeil distrait et las. 

Le citoyen compose alors sa propre musique dans son coin. Il s'évertue de son côté. Il se débrouille, s'accommode, tente de jouer la partition de la fraternité avec les instruments de sa façon: associations, œuvres caritatives,... parce qu'après tout on lui a enseigné les bases du solfège républicain... et puis il faut bien... 

Pourtant, il voit grand, il rêve d'orchestre, de majestueuses symphonies, d'opéras magnifiques... Quand les temps sont plus durs encore, les plaintes se lèvent un peu cependant. Il y a par moments des soubresauts, des regains d'agitation, auxquels on répond par de beaux préludes, ceux de nos institutions, ceux de nos frontons. Suivent des élans d'espoirs, des attentes, des rêves de lendemains meilleurs, ceux qui chantent... 

Et la valse des hommes en charges s'engage. Mais dans la salle de bal, toujours les mêmes. Ils s'asseyent. Ils se relèvent. Ils laissent la piste. Ils la reprennent. Ils tournent et tournent encore. Toujours sous les mêmes airs. Mais les spectateurs regardent du dehors et ne profitent point... 

Le peuple est sage désormais, disions-nous. 

C'est que le peuple croit en ces belles paroles de nos institutions, celles de nos frontons... il aime cette musique. Les danseurs ne s'y trompent pas. Voilà pourquoi ils les entonnent sans relâche. Voilà pourquoi, alors qu'ils les bafouent toujours, ils ne les effacent jamais des préambules constitutionnels et des programmes scolaires. 

Finalement, les citoyens attendent l'avènement de ces belles paroles. Ils évitent la violence parce qu'ils croient toujours en nos valeurs symbolisées par notre devise: «liberté, égalité, fraternité» et ils veulent écouter cet hymne tous les jours. On leur entonne ce refrain... et ils s'apaisent. 

Ils espèrent voir la cohérence entre cette devise, les principes, les valeurs, de leur république, et les actes de leurs dirigeants et leaders politiques,... les danseurs... 

Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Constitution de 1946 et ses droits sociaux fondamentaux. Constitution de 1958 qui rappelle le respect que l'on doit à ces textes: la mélodie est belle. Le peuple attend dehors et veut l'entendre. Mais désespère. 

Soyez prudents, les valseurs... 

Plus l'attente est grande, plus l'est l'exigence. 

Un jour, le peuple n'y tiendra plus, ne pourra plus se permettre d'être sage. Un seul refrain ne suffira plus à le jouer. Il voudra le livret en sa totalité.. Cependant, l'orchestre ne sera pas préparé; l'harmonie est chose compliquée à atteindre. Alors, le bruit l'emportera. Qu'importe, la cacophonie des commencements, d'une manière ou d'une autre, cette assistance là finit toujours par s'emparer des instruments...



Le peuple aussi veut danser

Hollande s’aplatit...

Retour sur le remaniement ministériel de la rentrée 2014 et les choix économiques du président français par un économiste américain.  Article paru dans le New York Times du 28 août 2014. Une analyse que l'on n'entend absolument pas en France. 

"Les résultats de la France sont en réalité plus encourageants que ce que les médias veulent bien nous faire croire".


François Hollande, président de la République française depuis 2012, aurait pu être l’homme de la situation. Il avait été élu sur la promesse d’en finir avec la politique d’austérité qui avait étouffé dans l’œuf l’éphémère et insuffisante reprise de l’économie européenne.

Les arguments douteux en faveur de cette politique sur le point de s’écrouler auraient pu faire de lui le fer de lance d’un mouvement pour exiger un changement de cap. Mais cela n’a pas été le cas. Une fois au pouvoir, François Hollande s’est empressé de s’aplatir, cédant même sans restriction à ceux qui exigeaient plus d’austérité encore. Il ne faut pourtant pas en conclure que l’homme est totalement lâche.

La semaine dernière, il a pris une décision énergique –malheureusement pas dans le domaine économique, alors même que les conséquences désastreuses de l’austérité européenne se font un peu plus criantes chaque jour et que même Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, en appelle désormais à un changement de politique. Non, c’est dans une purge de son gouvernement que François Hollande a mis toute sa détermination, afin d’éliminer les ministres qui osaient contester son asservissement à Berlin et à Bruxelles.

Mauvaises nouvelles. Fascinant spectacle que celui-là. Mais, pour pleinement l’apprécier, il faut comprendre deux choses. Primo, l’Europe se trouve dans une très mauvaise passe. Secundo, dans ce panorama désastreux, les résultats de la France sont en réalité plus encourageants que ce que les médias veulent bien nous faire croire. La France n’est pas la Grèce ; la France n’est même pas l’Italie. Mais la France se laisse malmener comme si elle était un cas désespéré. Revenons sur la situation européenne.

Comme les Etats-Unis, les 18 pays de la zone euro avaient commencé, vers le milieu de 2009, à se remettre de la crise de 2008. Mais quand une crise de la dette a éclaté, en 2010, plusieurs Etats européens ont été contraints, pour obtenir des prêts, à faire des coupes claires dans leurs dépenses et à augmenter les impôts pesant sur les classes moyennes. L’Allemagne et les autres pays créanciers n’ont alors rien fait contre ces pressions baissières, et la Banque centrale européenne, contrairement à la Réserve fédérale américaine ou à la Banque d’Angleterre, n’a pas pris de mesures exceptionnelles pour stimuler la dépense privée. Résultat : en 2011, le moteur de la reprise européenne a calé, et il n’a jamais vraiment redémarré depuis.

Aujourd’hui, l’Europe est dans une situation plus grave qu’au même stade de la crise de 1929. Et d’autres mauvaises nouvelles pourraient encore tomber, car tout donne actuellement à penser qu’elle est en train de glisser dans un piège déflationniste à la japonaise. Et où se place la France dans ce tableau ? Les médias présentent systématiquement l’économie française comme une infernale gabegie paralysée par une fiscalité et une réglementation démesurées. On est donc stupéfait quand on examine les chiffres réels, qui ne correspondent pas du tout à ce portrait.

La France n’a certes plus affiché de bons résultats depuis 2008 (se plaçant en particulier à la traîne de l’Allemagne), mais la croissance de son PIB reste bien plus satisfaisante que la moyenne en Europe : elle est supérieure non seulement à celle des pays en difficulté du sud du continent, mais aussi à celle de certains pays créanciers, comme les Pays-Bas. En termes d’emploi, elle ne fait pas si mal que ça non plus : ainsi, un adulte âgé de 25 à 54 ans a beaucoup moins de risques d’être au chômage en France qu’aux Etats-Unis.

Par ailleurs, le déficit commercial français n’est pas démesuré, et les taux d’emprunt restent historiquement bas. Pourquoi un tel acharnement dans la presse ? Difficile de ne pas penser qu’il y a là une volonté politique : la France possède un Etat très présent et un système généreux d’aides sociales, des choses qui, selon l’idéologie libérale, sont censées conduire au désastre économique. On fait donc état d’un désastre, même si ce n’est pas ce que montrent les chiffres.

Et François Hollande, bien que chef de la majorité socialiste française, semble croire à ce dénigrement purement idéologique. Pis, il est tombé dans un cercle vicieux : l’austérité entraîne une paralysie de la croissance, paralysie qui sert ensuite à justifier la nécessité, pour la France, de pratiquer encore plus d’austérité. Voilà qui est bien triste, et pas seulement pour la France.

Asphyxie. Dans l’immédiat, c’est l’économie européenne qui est dans une situation calamiteuse. Mario Draghi, il me semble, mesure la gravité des choses. Mais une banque centrale ne peut pas tout, et son directeur disposera d’une marge de manœuvre limitée tant que les dirigeants élus ne seront pas disposés à remettre en cause la doxa du monétarisme et de l’équilibre budgétaire. Pendant ce temps, l’Allemagne campe sur son incorrigible position.

Réagissant au remaniement gouvernemental français, les autorités de Berlin ont déclaré qu’“il n’y a pas de contradiction entre consolidation et croissance” – pour le dire autrement, peu importe ce qui se passe depuis quatre ans, nous sommes toujours convaincus que l’austérité est gage de croissance. Ce dont l’Europe a besoin de toute urgence, c’est donc qu’un dirigeant d’une grande économie (qui ne soit pas très mal en point) dénonce cette austérité qui est en train de compromettre l’avenir économique du continent.

François Hollande aurait pu, il aurait dû être ce dirigeant –mais ce n’est pas le cas. Si l’économie européenne continue de stagner, ou pis si elle plonge, qu’adviendra-t-il du projet européen, de cette entreprise de longue haleine de maintien de la paix et de démocratie dans une prospérité partagée ? En lâchant ainsi la France, c’est toute l’Europe que laisse tomber François Hollande –et nul ne peut prédire où s’arrêtera sa chute.



 —Paul Krugman 

Publié le 28 août 2014 dans The New York Times New York


A lire du même auteur: Austérité ?  Relance ? Une analyse approfondie sur les choix des politiques concernant la crise économique et financière. 



Bing

jeudi 4 septembre 2014

4 septembre 1870

Après la défaite de Sedan, le 2 septembre, contre les troupes prussiennes, Napoléon III capitule. La nouvelle parvient à Paris le 3 septembre et le député Gambetta prononce la déchéance de la dynastie. Sous la conduite d'un autre député républicain, Jules Favre, le peuple de Paris gagne l'Hôtel de Ville où la République est proclamée.

lundi 1 septembre 2014

Net Flix sort l'artillerie...

Voilà Net Flix!! Quelques remarques... comme ça au passage...  


La société NetFlix arrive en France. 

Bien que basée hors de nos frontières pour «gruger» le fisc, (on dit aussi pratiquer l'optimisation fiscale en langage convenable), la nouvelle société débarque en France, sans passer par les plages normandes, pour nous «offrir» un peu plus de «liberté» culturelle. (On vous laisse interpréter comme vous voulez les guillemets de ce paragraphe...).

Elle sera disponible via le net et probablement via une "box" dont on ignore laquelle pour le moment (Orange tiendrait la corde). Il s'agit d'une sorte de portail web qui vous permet, via un abonnement, d'avoir accès à un catalogue gargantuesque de films et de séries; pour ces dernières disponibles immédiatement (c'est à dire en même temps qu'aux États-Unis) et dans leur intégralité.

Netflix se veut également société de production et pas seulement plateforme de diffusion. Elle produit ainsi déjà House of cards et annonce une série française pour l'année prochaine. 

Netflix annonce des partenariats avec des entreprises françaises. Outre donc l'opérateur choisi, Netflix entend s'associer avec les laboratoires français comme Eclair et Technicolor Boulogne, pour convertir au "format Netflix" les longs-métrages. 

Pour autant, si Netflix fera travailler l'industrie du cinéma et l'industrie audiovisuelle française, à terme, son arrivée ne risque-t-elle pas d'être néfaste économiquement? 

Netflix se pose déjà comme le concurrent du service de VOD (vidéo on demand ou plus vulgairement en français: programme à la demande) le plus répandu de France, Canalplay (du groupe Canal+, vous l'aviez deviné surtout si vous êtes toujours en train de lire ce post). 

Canal+, déjà bousculé sur le front de la péninsule arabique pour les retransmissions sportives, est donc sur le point d'être débordé sur le front Atlantique pour les séries et la VOD. Ça sent la débâcle et la bérézina réunies. 

Malmené, Canal + ne sera peut-être donc plus en mesure d'assurer son soutien financier au cinéma français. Rappelons que Canal + est l'acteur principal du cinéma français à travers la diffusion télé de la quasi intégralité des films français. Canal achète les droits tv et participe à la coproduction et à la distribution des films mais aussi de séries comme Braquo. 

Or, si Canal demain n'injecte plus autant d'argent, il y aura donc moins de films, et donc moins de contrats pour Eclair ou Technicolor. Nous évoquons d'abord ces deux principaux acteurs des industries techniques mais producteurs, distributeurs et exploitants de salles seraient eux aussi touchés par ricochet. Dommages collatéraux... 

A moins que les deux belligérants décident de ne pas engager finalement la bataille... On peut envisager une trêve durable comme celle déjà signé entre Be In sports et Canal + au sujet des retransmissions sportives. Canal + et Net Flix pourraient donc se partager le prometteur royaume lucratif de la VOD. Prometteur car la VOD n'est pas encore véritablement rentrée dans les habitudes de consommation hexagonales. Avec la multiplication des supports de diffusion, tablettes, pc, smartphones, il est fort à parier que la situation pourrait très vite évoluer. 

Au passage, on remarquera, encore une fois, si un tel accord venait à se réaliser, que, pour le plus grand «bonheur» du consommateur, la libre concurrence du libre marché libéral du libéralisme assurant les prix les plus avantageux, est une bien belle utopie...

S.M. 

Aux Abris!!!



dimanche 31 août 2014

Léa est formidable...


Dans la série "les nouveaux chiens de garde" encore un bel exemple d'auto-promo entre cop... entre consœurs... Article du Parisien concernant la première de +Léa Salamé dans une émission du service public... On cherche encore où est l'info mais bon...


Dans cet article paru dans Le Parisien du 30/08/14, la journaliste dresse un portrait de Léa Salamé. Elle commence en effet une nouvelle émission ce soir, sur une nouvelle chaîne (elle semble avoir la bougeotte, en 8 ans de carrière et à peine 35 ans, il s'agira de son 4ème employeur télé).


Nous apprenons qu'elle n'est "pas arrogante", "a de grands yeux noirs mystérieux", "se régale de viennoiseries" et "est jolie au naturel"... Diable, serions-nous devant une rubrique mode, maquillage, coiffure ou conseils minceur de Elle ou Madame Figaro? 


Le lecteur, passé ce début digne d'Antoine Blondin ou Albert Londres, s'il en a le courage, en apprendra beaucoup sur la "gamine intrépide".


Ainsi, fille de bonne famille libano-arménienne, née et ayant vécu ses 5 premières années à Beyrouth, Liban, elle nous apprend que son père, bien que chrétien, aura choisi de vivre dans le quartier musulman de la vile, alors en pleine guerre.


Enfin elle nous l'apprend, nous le narre, en plein storytelling car "Je nais à Beyrouth (qui parle ainsi? On ne dit pas "je suis né à"? passons...), "jusqu'à 5 ans, je vis dans ce monde-là"... Oui tout est tiré de ses propres mots... 


Fuyant la guerre, sa famille s'installe à Paris et atterrit "dans les beaux quartiers". 


Et là, tout s'enchaîne: école alsacienne, assas, sciences-po...et journalisme.


Est-ce son enfance difficile qui lui aura donné le goût de ce beau métier, qui voit des reporters, des techniciens, braver le danger pour nous éclairer sur les tourments de ce monde? C'est décidé, elle sera journaliste.


A ce titre, alors stagiaire, elle "frôle la mort". Diantre! Les écoles de journalistes envoient leurs stagiaires au Soudan, Somalie, Kosovo ou Afghanistan? Ou tout simplement molestée dans une usine en pleine liquidation judiciaire en relatant dans des publications de province encore nombreuses mais fragiles, ou des petites radios associatives?


Non, rassurez-vous. 


Elle était "à Manhattan" (vous noterez la rigueur journalistique nous citant un quartier et nom une ville) lors du fameux 11/09/01. Et là, elle aura beaucoup de chance (Léa est une gamine intrépide ne l'oublions pas) car elle a "couru, par hasard, dans la bonne direction". Pour un peu, on attendrait que la journaliste nous précise qu'elle a pris l'avenue qui mène au pont de Verrazano à l'angle de la boutique The Kooples de la 49è.


La chance ne la quittant plus (l'article nous le dit, elle a "toujours eu de la chance"), elle connaîtra des débuts heureux en 2004 sous le magistère sévère ("à la dure") d'un autre journaliste ayant connu moult employeurs et fonctions dans la carrière: Jean-Pierre Elkabbach. Elle débute sur LCP/Public Sénat.


Pourtant pas rancunière ni dégoûtée après ce départ très dur dans la vie (famille riche et renommée en politique, stage à New-York, début sur une chaîne de télévision dirigée par l'un des plus puissants hommes de média du pays...), elle remercie celui à qui elle doit beaucoup (non pas son père mais Elkabbach).


Le remerciant en quittant dès 2006 cette chaîne pour rejoindre un concurrent en allant sur France 24.


Oups, pardon, j'oubliais, que fait-elle sur ces chaînes? Avec un tel parcours, on ne peut que se dire qu'elle sera grand reporter, en allant sur les terrains les plus complexes: guerres, reportages sur les injustices de ce monde, traque des inégalités... 


Non. Elle est présentatrice télé.


Ha et radio aussi puisqu'elle cumulera, outre Ruquier, la présentation d'une interview sur France Inter le matin (il faut dire que c'est une"mammouth de travail")


Puis hélas elle quitte le service public, pour aller sur I télé, en 2011, pour la riche période qui s'ouvre avec les présidentielles.


Puis donc Ruquier, que pourtant au début elle ne veut pas suivre, mais recevant un sms en pleines vacances (en Avril car le mammouth prend quand même des congés payés en plus de Noël, Pâques, Juillet et Août), elle se laisse convaincre car après tout s'il la veut "il faut y aller" surtout qu'en le voyant "elle a un truc d'instinct".


Soit dit en passant alors qu'on apprend que Ruquier avait 4 autres jeunes femmes en lice, et sachant surtout qu'il lui envoie un sms donc a son numéro, cette proposition est-elle un "truc d'instinct"? 


Donc France 2, pour un retour sur le service public.


Pourrait-on y voir un petit éclairage sur une inclinaison naturelle à la défense des services publics, donc serait-elle plutôt de gauche?


Non, notre gamine intrépide n'est "ni de gauche ni de droite" elle est "un maelstrom de paradoxes". Ha. Lesquels? Qu'est-ce qui la choque? La heurte? L'indiffère? L'intéresse? A part les viennoiseries? On ne sait pas trop, n'allez pas trop dans les détails car ce serait "penser en systèmes" comme Polony et Zemmour ses deux prédécesseurs dans l'émission de Laurent Ruquier. "L'Europe, l'immigration, la cuisson des carottes... ils refusent la complexité".


J'ignorais que ces sujets étaient si simples, surtout pour les carottes. 


Quid de son partenaire Aymeric Caron, lui de gauche caviar bobo? Pense-t-il lui aussi en système? Comprend-t-il la cuisson des artichauts? 


La belle lui trouvera toutes les excuses: "Il a raison de s'engouffrer dans cette parole de gauche assumée, forte, en réponse aux réactionnaires."


Polony et Zemmour apprécieront, renvoyés en deux phrases en penseurs simplistes et réactionnaires, Caron étant un homme courageux, seul contre tous, une sorte de Jean Moulin du PAF. Pour une fille se disant un maelstrom de paradoxes, il semblerait qu'elle soit au contraire assez simpliste et définitive dans ses argumentations.


Nous la quittons sur ses goûts en matière télé ("que des chaînes info","Taddeï et Ardisson", (Comment les connaît-elle? Ils bossent sur BFM maintenant?)), de littérature (Houellebecq, Céline et Dostoïevski) et sur une citation qui la personnifie tellement, de René Char:


"Impose ta chance (d'être née?), serre ton bonheur (un chausson aux pommes?) et impose ton risque (de lire le prompteur?). A te regarder (si belle au naturel), ils s'habitueront (aussi longtemps qu'Elkabbach?)".

S.M.