Google+ Article deux: février 2014

jeudi 27 février 2014

Charte: Article deux.

En cette année électorale, il est plus que jamais nécessaire de rappeler à nos élus les principes de notre République. Il est plus que jamais nécessaire de leur rappeler leur mission. Face à la défiance grandissante dont ils sont l'objet il convient de leur montrer que nous, citoyens, attendons d'eux une conduite irréprochable dans la conduite des affaires publiques.



Article deux de la Charte de représentant du peuple

2. En respect de la devise et des grands principes de notre République, le représentant du peuple doit toujours par ses choix et propositions défendre les plus faibles.

lundi 24 février 2014

Charte: Article premier.

En cette année électorale, il est plus que jamais nécessaire de rappeler à nos élus les principes de notre République. Il est plus que jamais nécessaire de leur rappeler leur mission. Face à la défiance grandissante dont ils sont l'objet il convient de leur montrer que nous, citoyens, attendons d'eux une conduite irréprochable dans la conduite des affaires publiques.  


Premier Article de la Charte de représentant du peuple
La France, par son histoire, par ses grands hommes, a souvent tenu un rôle de guide, de modèle pour les autres nations du monde. Le représentant du peuple français se doit de se placer dans cette tradition et savoir faire preuve de courage dans la défense de ses idées. Il doit toujours répondre à l’idéal historique de la France de justice, de liberté et de générosité.
  

vendredi 14 février 2014

Montaigne, Quatre extraits...

A l’heure où les « Humanités » ont quasiment disparu des objectifs et des programmes scolaires, il est bon de revenir à des auteurs proposant des pensées, des points de vue, propres à nous « éclairer » et à nous aider à affronter nos quotidiens. Montaigne est l’inventeur d’un genre littéraire avec son œuvre intitulée Essais, publiée entre 1580 et 1588.


Montaigne veut essayer sa pensée et décide de donner à son texte le cours naturel de sa réflexion : « par sauts et par gambades ». Montaigne propose des ajouts, des digressions, à un ouvrage en perpétuelle évolution.


L’ouvrage aborde tous les sujets. Il est le reflet de l’esprit humaniste et de la curiosité hors du commun de l’auteur. Tout au long de la lecture se dessine une grande réflexion sur le bonheur, la sagesse et l’instabilité du monde. Montaigne note la diversité des coutumes, des croyances, des idées : « La peste de l’homme, c’est l’opinion de savoir ».


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Ce premier extrait aborde le thème cher aux humanistes de l’éducation. Il évoque ici la relation entre le maître et l’élève. 

On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui verserait dans un entonnoir, et notre charge(1) ce n'est que redire ce qu'on nous a dit. Je voudrais qu'il(2) corrigeât cette partie(3), et que, de belle arrivée(4), selon la portée de l'âme qu'il a en main, il commençât à la mettre sur la montre(5), lui faisant goûter les choses, les choisir et discerner d'elle-même; quelquefois lui ouvrant chemin, quelquefois le lui laissant ouvrir. Je ne veux pas qu'il invente et parle seul, je veux qu'il écoute son disciple parler à son tour. Socrate et, depuis, Archésilas(6) faisaient premièrement parler leurs disciples, et puis ils parlaient à eux. Obest plerumque iis qui discere volunt auctoritas eorum qui docent. [« L’autorité de ceux qui enseignent nuit souvent à ceux qui veulent apprendre »(7)


Il est bon qu'il le fasse trotter devant lui pour juger de son train(8) et juger jusqu'à quel point il se doit ravaler(9) pour s’accommoder à sa force. À faute de cette proportion nous gâtons tout ; et de la savoir choisir, et s’y conduire bien mesurément, c'est l'une des plus ardues besognes que je sache; et est l'effet d'une haute âme et bien forte, savoir condescendre à ses allures puériles et les guider. Je marche plus sûr et plus ferme à mont qu'à val(10). Ceux qui, comme porte notre usage, entreprennent d'une même leçon et pareille mesure de conduite régenter plusieurs esprits de si diverses mesures et formes, ce n'est pas merveille si, en tout un peuple d'enfants, ils en rencontrent à peine deux ou trois qui rapportent quelque juste fruit de leur discipline.


Montaigne, Essais, « De l’institution des enfants » Livre I Chapitre XXVI, 1580




1 Notre rôle, à nous élèves
2 Le maître
3 Cette attitude
4 Dès l’abord
5 Sur la piste. Galop d’essai
6 Philosophe grec comme Socrate
7 Citation de Cicéron
8 Allure
9 Se rabaisser
10 en montant qu’en descendant. 



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Montaigne s’intéresse à l’autre, à celui qui est différent, à celui que l’on qualifie de barbare ou de sauvage. Il a lu les récits des voyageurs du Nouveau monde et en tire des conclusions sur le relativisme et l’ethnocentrisme.


Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ; comme de vrai, il semble que nous n'avons autre mire(1) de la vérité et de la raison que l'exemple et l’idée des opinions et usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police(2), parfait et accompli usage de toutes choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits : là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice(3) et détournés de l'ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-ci, et les avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu(4). Et si pourtant(5), la saveur même et délicatesse se trouve à notre goût excellente, à l'envi des nôtres(6), en divers fruits de ces contrées-là sans culture. Ce n'est pas raison(7) que l'art gagne le point d'honneur sur notre grande et puissante mère Nature. Nous avons tant rechargé la beauté et richesse de ses ouvrages par nos inventions que nous l'avons du tout étouffée. Si est-ce que(8), partout où sa pureté reluit, elle fait une merveilleuse honte à nos vaines et frivoles entreprises.


Montaigne, Essais, « Des Cannibales », Livre I, Chapitre XXXI, 1580




1 Critère
2 Forme de gouvernement
3 Technique
4 Corrompues détériorées
5 Si a pour sens pourtant (insistance)
6 Susceptible de concurrencer
7 Il n’y a pas de raison pour que
8 Pourtant.
 

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Dans le dernier livre des Essais, Montaigne livre des réflexions sur la sagesse et propose un art de vivre invitant au bonheur. Il faut apprendre à s’étudier soi-même, pour mieux connaître les autres en s’appuyant sur l’expérience.


Quand je danse, je danse; quand je dors, je dors; voire et(1) quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées se sont entretenues des occurrences étrangères(2) quelque partie du temps, quelque autre partie je les ramène à la promenade, au verger, à la douceur de cette solitude, et à moi. Nature a maternellement observé cela, que les actions qu'elle nous a enjointes pour notre besoin nous fussent aussi voluptueuses; et nous y convie, non seulement par la raison, mais aussi par l'appétit(3) : c'est injustice de corrompre ses règles.


Quand je vois et César et Alexandre(4), au plus épais de sa grande besogne, jouir si pleinement des plaisirs naturels et par conséquent nécessaires et justes, je ne dis pas que ce soit relâcher son âme, je dis que c'est la roidir, soumettant par vigueur de courage à l'usage de la vie ordinaire ces violentes occupations et laborieuses pensées. Sages, s'ils eussent cru que c'était là leur ordinaire vacation(5) ; celle-ci(6), l'extraordinaire. Nous sommes de grands fous ! "Il a passé sa vie en oisiveté", disons-nous ; « Je n'ai rien fait d'aujourd'hui. » Quoi ! avez-vous pas vécu? C'est non seulement la fondamentale, mais la plus illustre(7) de vos occupations. « Si on m'eût mis au propre des grands maniements(8), j'eusse montré ce que je savais faire. » Avez-vous su méditer et manier votre vie ? vous avez fait la plus grande besogne de toutes.


Pour se montrer et exploiter(9), Nature n'a que faire de fortune; elle se montre également en tous étages, et derrière, comme sans rideau. Avez-vous su composer vos mœurs ? vous avez bien plus fait que celui qui a composé des livres. Avez-vous su prendre du repos ? vous avez plus fait que celui qui a pris des empires et des villes.


Notre grand et glorieux chef-d'œuvre, c'est vivre à propos.


Montaigne, Essais, « De l'expérience », Livre III, chapitre XIII, 1588.



1 et aussi
2 réflexions sans rapport avec la promenade
3 désir
4 Conquérants de l’Antiquité
5 occupation
6 leur gloire
7 glorieuse
8 responsabilités
9 porter ses fruits


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La dernière page des Essais est l’occasion pour Montaigne de critiquer le savoir abstrait et de réfléchir sur la notion de pouvoir. A la fin de sa vie, l’auteur privilégie la connaissance de soi qui est porteuse de sagesse.


Ménageons le temps ; il nous en reste encore beaucoup d’oisif et de mal employé. Notre esprit n’a probablement pas assez d’heures, pour faire ses affaires sans se désassocier du corps pendant le peu d’espace qu’il faut à ce dernier pour son nécessaire besoin.


Ils(1) veulent se mettre hors d’eux-mêmes et échapper à l’homme. C’est une folie : au lieu de se transformer en anges, ils se transforment en bêtes ; au lieu de se hausser, ils s’abaissent complètement. Ces dispositions d’esprit transcendantes m’effraient comme les lieux élevés et inaccessibles ; et rien n’est pour moi difficile à digérer dans la vie de Socrate(2) si ce n’est ses extases et ses « démoneries(3) », rien n’est aussi humain chez Platon(4) que les raisons pour lesquelles on dit qu’il est appelé divin. Et parmi nos sciences, celles qui sont montées le plus haut me semblent les plus terrestres et les plus basses. Je ne trouve également rien d’aussi terre à terre et d’aussi mortel dans la vie d’Alexandre(5) que ses imaginations au sujet de son immortalisation. Philotas le mordit plaisamment par sa réponse : il s’était conjoui(6) avec lui, dans une lettre, de l’oracle de Jupiter Hammon(7) qui l’avait placé parmi les dieux : « En ce qui te concerne, j’en suis bien aise, mais il y a de quoi plaindre les hommes qui auront à vivre avec un homme – à lui obéir aussi – qui outrepasse la mesure d’un homme et ne s’en contente pas. » « Diis te minorem quod geris, imperas(8) ».


La noble inscription par laquelle les Athéniens honorèrent la venue de Pompée(9) dans leur ville est conforme à ma façon de penser :

« D’autant es-tu Dieu comme
 Tu te reconnais homme ».


C’est une perfection absolue et pour ainsi dire divine que de savoir jouir de son être. Nous cherchons d’autres manières d’être parce que nous n’entendons(10) pas l’usage des nôtres, et nous sortons hors de nous parce que nous ne savons pas quel y fait(11). Si avons-nous beau monter(12) sur des échasses, car sur des échasses il faut encore marcher avec nos jambes. Et sur le trône le plus élevé du monde, nous ne sommes encore assis que sur notre cul.


Les plus belles vies sont, à mon avis, celles qui se conforment au modèle commun et humain, avec ordre, mais sans rien d’extraordinaire et sans s’écarter de ce modèle. Je dirai maintenant que la vieillesse à quelque peu besoin d’être traitée plus tendrement. Recommandons-la au dieu protecteur(13) de la santé et de la sagesse –mais une sagesse gaie et sociable :  

« Frui paratis et valido mihi
Latoe, dones, et precor, integra
Cum mente, nec turpem senectam
Degere ; nec cythara carentem »(14).

Montaigne, Essais, « De l'expérience », Livre III, chapitre XIII, 1588.

1 Les philosophes
2 Philosophe grec du Ve siècle avant J.C.
3 Socrate prétendait être inspiré par un « démon » un génie.
4 Philosophe grec qui rapporta la pensée de Socrate
5 Alexandre le Grand, roi de Macédoine.
6 Réjoui
7 Dieu de Thèbes en Egypte que les Grecs assimilèrent à Zeus
8 « C’est en te soumettant aux dieux que tu règnes »
9 Pompée, général romain
10 Parce que nous ne comprenons pas
11 Ce qui s’y passe
12 Aussi est-il inutile de monter…
13 Apollon
14 « Accorde moi, fils de Latone, de jouir des biens que j’ai acquis, d’une robuste santé et de toutes mes facultés intellectuelles ; fais que ma vieillesse soit bonne et que je puisse encore jouer de ma lyre ». Horace, Odes. 

14 février 1879. La destinée d’un chant.

En avril 1792, en pleine Révolution, la France s’apprête à entrer en guerre contre l’Autriche. A Strasbourg, lors d’une veillée, le maire de la ville évoque le souhait de voir composer un chant de guerre capable d’exciter le patriotisme des soldats français.




Présent à cette demande, un capitaine du génie, obscur ingénieur militaire, Rouget de L’Isle, compose en une nuit « son chant de guerre ». Il emploie des expressions fortes, à la mode : hordes d’esclaves, féroces soldats, rois conjurés, vils despotes, auxquelles il oppose de jeunes héros, l’amour sacré de la patrie, les citoyens…
Dans une France en pleine effervescence, le chant se propage rapidement. Les volontaires de Rhône et Loire le chantent le 29 avril ; il est à Montpellier le 17 juin. Il est chanté dans un banquet des Fédérés marseillais le 20 juin. Le chant s’intitule encore Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Or, ces Fédérés marseillais le chantent pendant le long voyage à pied du 16 septembre au 20 octobre qui les mène à Paris. Le chant devient dès lors La Marseillaise.
L’hymne n’avait initialement que 6 couplets. Un septième, La Strophe des Enfants, a été ajouté par Louis Dubois en octobre 1792.
Selon les généraux de l’époque, la Marseillaise contribue aux victoires républicaines. Un écrit : « Nous nous sommes battus un contre dix, mais la Marseillaise combattait à nos côtés ». Un autre ajoute : « Envoyez moi 1000 hommes et un exemplaire de la Marseillaise, et je réponds de la victoire ».
Le chant devient hymne national une première fois le 14 juillet 1795 avant d’être interdit sous l’Empire. Il resurgit pendant la révolution de juillet 1830 sur les barricades et inspire à Delacroix son tableau, La Liberté guidant le peuple. Il retentit encore pour le rétablissement de la République en 1848 et pendant la Commune de Paris en 1871.
La Marseillaise redevient hymne officiel de la République française, le 14 février 1879, sous la IIIe République.

mardi 11 février 2014

11 février 1950. Le salaire minimum dans la loi.


Par la loi du 11 février 1950, sur les conventions collectives et sur les procédures de règlement des conflits collectifs du travail, est institué en France le principe d’un salaire minimum (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti).




Cette décision est en accord avec le Préambule de Constitution de 1946.
Aucun salarié ne peut être payé en dessous d’une rémunération minimale.
Sur ce projet de loi, l’urgence avait été déclarée, c'est-à-dire qu’une seule lecture dans chaque assemblée pouvait être effectuée.

Le SMIG sera remplacé en 1970 par le SMIC (Salaire Minimum de Croissance).

lundi 10 février 2014

Voltaire, De l'Horrible danger de la Lecture.


On retrouve dans ce pamphlet l'arme favorite de Voltaire, l'ironie, pour mettre en évidence le combat des Lumières contre l'obscurantisme.



DE L’HORRIBLE DANGER DE LA LECTURE




Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu, mouphti1 du Saint-Empire ottoman2, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction.



Comme ainsi soit que Saïd-Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte vers un petit État nommé Frankrom3, situé entre l’Espagne et l’Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l’imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis4 et imans5 de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs6 connus par leur zèle contre l’esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l’imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées


1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.


2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d’Occident, il ne s’en trouve quelques-uns sur l’agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la sainte doctrine.


3° Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d’histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l’imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l’équité et l’amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.


4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.


5° Ils pourraient, en augmentant le respect qu’ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu’il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.


6° Il arriverait sans doute qu’à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.


A ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité7 quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte.


Et pour empêcher qu’il n’entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l’Occident septentrional; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira.



Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l’an 1143 de l’Hégire.



Voltaire, De l’horrible danger de la lecture, 1765


1. Chef religieux
2. Empire Turc
3. France
4. Prêtres
5. Juges
6. Moines
7.Tribunal ecclésiastique


Lire: L'Encyclopédie censurée.



Des propositions d'axes de lecture pour les courageux qui doivent affronter les épreuves anticipées de Français. Commentaire composé. Lecture Analytique. Pour des modèles de plans détaillés (avec Procédés, Analyses, Interprétations) et la méthode, un petit tour ici.



Un pamphlet contre l’obscurantisme
Un cadre oriental au service de l'argumentation
Un texte emblématique du combat des Lumières
A. L’éloge par l’absurde de l’imprimerie
A. Le lexique
A. Texte d’actualité
B. L’origine du mal : Obscurantisme
B Un Orient fantaisiste
B Le rôle de l’Encyclopédie
C. Une arme : l’ironie
C. Mise à Distance
C.Le Bonheur. 



Ecrasez l'infâme






vendredi 7 février 2014

7 février 1752. « Le monument de l’esprit humain » est interdit.

Les philosophes souhaitent au milieu du XVIIIe siècle rassembler toutes les connaissances humaines afin « d’éclairer » la société. C’est l’esprit des « Lumières ».

En 1748, Le Breton, libraire parisien, obtient le privilège royal, c'est-à-dire l’autorisation de publier une Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des techniques. Le projet nécessite de nombreux collaborateurs, rédacteurs, dessinateurs, graveurs, imprimeurs. La direction est confiée à Diderot et à d’Alembert.

Il s’agit pour eux de combattre les préjugés en mettant les connaissances au service de l’homme et du progrès social. Ils ne se contentent pas d’une simple description du savoir. Il s’agit aussi de mettre en évidence les erreurs, les superstitions, les aveuglements entretenus par le pouvoir politique et religieux. L’obscurantisme qui est la volonté de maintenir l’ignorance pour conserver son pouvoir est donc la cible. L’ouvrage dès le départ milite pour une société fondée sur l’égalité des citoyens et la liberté de penser.

Le premier volume connait un énorme succès. Cependant, le scandale éclate car des articles comme « autorité politique » remettent en cause la monarchie absolue de droit divin.

Le 7 février 1752, la censure royale s’abat sur les deux premiers volumes. Paradoxalement, cette décision déclenche un intérêt encore plus vif pour l’ouvrage.

L’influence de Mme de Pompadour auprès du Roi permet à Diderot de poursuivre son œuvre. Le tome III paraît en 1753.

Le combat reprend par la suite. Le privilège de publication est de nouveau révoqué en 1759. Malesherbes, directeur de la librairie royal et responsable de la censure, favorable à l’esprit des Lumières joue également de son influence pour permettre à la publication d’aller à son terme en 1765.

Des noms comme Voltaire, Montesquieu, Turgot figurent parmi les plus de 200 collaborateurs participant à la rédaction des 17 volumes de l’Encyclopédie auxquels s’ajoutent 11 volumes de planches et gravures.


Lire: Voltaire, De l'Horrible Danger de la Lecture.



Diderot: "Aucun homme n'a reçu du ciel le droit de commander aux autres"

jeudi 6 février 2014

6 février 1934. Jour de colère.

La crise des années 30 frappe la France. La paralysie du commerce mondial entraîne des faillites et le chômage augmente. Avec la baisse des revenus, le malaise social s’accroit. Ce dernier entraîne à son tour une défiance des citoyens vis-à-vis du régime de la République : l’instabilité ministérielle est chronique et les différents gouvernements apparaissent impuissants face à la situation économique.



Les modèles fasciste, en Italie, et communiste, en Russie, avivent les tensions et les critiques contre la démocratie parlementaire.

En France, des « ligues » se développent : Action Française, Jeunesses Patriotes, Croix de Feu. Elles sont de véritables groupes de pression politiques. Elles sont composées pour certaines d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale. Elles sont pour la plupart nationalistes, antiparlementaires et anticommunistes. La gauche, communistes du PCF et socialistes de la SFIO, est divisée.

Dans ce contexte, un scandale politique et financier, l’affaire Stavisky, déstabilise un peu plus le gouvernement. L’agitation est à son comble. Des manifestations de droite comme de gauche marquent le début de l’année 1934.

Le renvoi du préfet de police, Chiappe, dont les affinités avec les ligues sont notoires, provoque une journée de manifestation de tous les mouvements le 6 février 1934.

Toutes les ligues n’ont pas les mêmes intentions. Les Croix-de-Feu se retirent aux premiers affrontements. Action Française et Jeunesses Patriotes rêvent quant à elles de renverser le gouvernement, voire le régime. Elles marchent sur l’Assemblée. L’émeute se déclenche place de la Concorde, les forces de police barrant le pont menant à l’Assemblée. Une fusillade éclate dans la soirée. On incendie des autobus. Le ministère de la Marine est en feu.

Au matin, on compte 16 morts parmi les manifestants et un tué pour les policiers. Les blessés sont au nombre de 645 pour les civils et de 1664 pour les forces de l’ordre.

Le gouvernement démissionne. Doumergue, ancien président de la République, forme un cabinet « d’Union nationale ». La rue a renversé la majorité issue des élections de 1932 mais le régime a tenu bon.

La gauche prend peur du danger fasciste. Socialistes et communistes se rapprochent. En juillet, est signé un pacte d’unité d’action. Le 6 février ouvre en fait la voie au futur Front Populaire.

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Le sursaut, la prise de conscience du danger, et puis...