En
France, en 2013, on peut mourir, en pleine jeunesse, sur la place publique, sous les
coups de ses semblables. Apparemment, les raisons de l’agression sont politiques.
Encore une preuve de la banalisation de
la violence en générale et de la banalisation des discours extrémistes en
particulier.
Voilà,
donc disent certains que cela recommence. Avouons plutôt que cela continue… L’histoire
est apaisante, rassurante ; tout se déroule comme prévu. Un plan sans
accroc. Une pelote qui se défile gentiment, doucement. Toujours le même
contexte qui déclenche toujours les mêmes réactions sur fond d’indifférence
générale.
La
seule petite différence c’est le temps que toutes les gesticulations
habituelles vont durer. Tout va plus vite désormais grâce aux révolutionnaires nouvelles
technologies, grâce aux merveilles communicatives des réseaux sociaux., grâce aux formidables chaines d'informations en continu. Tout
fonce, fuse et… fond comme neige au soleil… d’autant plus qu’une partie de jeu
de raquettes importante pour le pays se profile dans quelques heures et d’autant
plus qu’enfin les beaux jours sont là, après ce temps pourri que l’on a eu ces
dernières semaines, ma petite dame…
On
aura tout loisir pendant quelques heures cependant, d’entendre les rengaines
réactives qui en deviennent elles-mêmes révoltantes tant elles sont désormais dénuées
de sens à force d’avoir été rabâchées dans toutes les circonstances imaginables,
et surtout tant elles sont toujours sans aucun effet. « Je suis indigné,
blablabla, je condamne avec la plus grande fermeté, blablabla, France pays des
droits de l’homme, blablabla, crime odieux de l’extrême droite, blablabla, la
police et la justice doivent mener l’enquête qui conduira à l’identification
des coupables, blablabla, marche blanche, blablabla, c’est intolérable, blablabla,
ils ne passeront pas, blablabla, un acte dramatique, ignoble, blablabla,
justice doit faire son travail, blablabla, inacceptable, blablabla, totale
détermination à poursuivre les responsables de ce meurtre horrible, blablabla, appeler
à la manifestation, blablabla, attention aux amalgames, blablabla, mobilisons nous,
blablabla, quelle honte, blablabla, c’est scandaleux, blablabla, rassemblements,
blablabla… »
Tout
ceci, évidemment dans la précipitation sans que l’on sache vraiment les
circonstances des évènements. Mais ne nous assurons pas du fait et inquiétons-nous
avant tout de la cause. Il faut réagir, il faut donner son sentiment. Marquer
le coup. Se montrer. Récupérer...
De
toutes façons, peu importe, ça passera, ça passe, toujours, …, et ça repart :
le chômage atteint 10,5%, sans transition, la météo, sans transition, 28ème règlement
de compte à Marseille, sans transition, Ronaldo au PSG, sans transition, encore
un élève tué dans une bagarre devant son collège, sans transition, les sorties
ciné de la semaine, sans transition, 80000 morts en Syrie, sans transition, rebondissement
dans l’affaire DSK, sans transition, sans transition, …
Il
ne reste plus qu’à espérer une chose de ce drame, même si là encore c’est une
banalité désarmante : que cette mort horrible ne soit pas inutile. Que
cette mort horrible soit une prise de conscience générale. Que cette mort horrible
soit un dernier avertissement et que nous saurons donc éviter les jours sombres
qui se profilent toujours dans les circonstances dans lesquelles nous sommes.
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