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Chers compatriotes,
Au regard du score encore une fois extraordinaire de notre mouvement des abstentionnistes, il est temps de remercier tous ceux qui font de nous le premier parti de France.
Je veux parler d'abord de ceux qui nous ont rejoints récemment et qui, hier encore, glissaient dans l'urne un bulletin blanc ou un bulletin nul. Maintenant, ils nous ont rejoints et ont franchi un cap dans la non-participation politique. J’annonce, ici, d’ailleurs, que notre alliance avec nos camarades du parti Blanc se finalise. Ils ne se laissent pas duper, en effet, par la fausse reconnaissance que nos dirigeants ont attribué à leurs bulletins. Ces derniers sont désormais comptés à part mais n'ont toujours absolument aucune incidence sur les résultats définitifs. Ils sont donc toujours sans effet. C’est là, un camouflet pour les partisans du vote blanc qui contribue à les rapprocher de nous de façon définitive…
Je veux remercier encore une fois nos médias télévisés et plus précisément ces formidables chaînes d'information qui appauvrissent totalement, minutes après minutes, le jeu démocratique, le réduisant à un cirque médiatique, à une course à l’audience ridicule et qui, à force de répétitions, de débats stériles inaudibles, abrutissent totalement les citoyens et les poussent inexorablement à rejoindre nos rangs.
Il nous faut aussi ici avoir une pensée pour notre cher système scolaire qui, année après année, allègement de programme après allègement de programme, ne permet plus à nos nouveaux citoyens de posséder toutes les armes intellectuelles pour une bonne compréhension des enjeux démocratiques, et les en détourne alors inexorablement.
Venons en, enfin, à nos plus fidèles alliés, ceux à qui nous devons tant : les représentants, élus ou qui aspirent à l'être, de tous les partis politiques de notre beau pays. Leur incompétence, leur immoralité, leur absence de courage, leur dogmatisme, leur opportunisme, leur condescendance, leur hypocrisie, leur mauvaise foi, sont pour nous une bénédiction de chaque instant.
Bien sûr, nous n'oublions pas que pendant longtemps nous, partisans de l'abstention, avons été bien utiles à leurs yeux. En effet, un taux d'abstention élevé était toujours le moyen de culpabiliser les mauvais citoyens totalement éloignés de leurs devoirs civiques. C'était également le moyen pour l'élu de voir son niveau de responsabilité bien moins élevé car obtenu avec une frange du peuple dérisoire finalement. Enfin, faussant statistiquement la représentativité nationale, c'était le moyen pour les plus malins de profiter du système et de devenir des professionnels non pas de la politique mais du suffrage.
Mais aujourd'hui, la créature est en train de se retourner contre ses maîtres. L'abstention gagne et c'est par le suffrage universel, pourtant son mode d'expression, que la démocratie risque de porter à sa tête ceux qui veulent la voir mourir.
Nous ne nous sentirons pas coupables si une telle horreur devait se produire. N'entendons nous pas les hommes politiques à l'issue de chaque scrutin dire qu'ils vont tirer les enseignements de cette inquiétante montée de l'abstention et qu’ils s’en sentent responsables ? Leurs paroles ne sont que pure formalité de circonstance mais prouvent qu’ils ont bien conscience de leur responsabilité… À défaut d'enseignements ils subiront les conséquences définitives de leur hypocrisie. Et le peuple, lui, affrontera la situation… Nous aimerions ne pas avoir à en arriver là…
Nous, partisans de l'abstention, ne sommes pas des inconscients suicidaires. Nous sommes le peuple fatigué. Fatigués de voir que nos représentants nous imposent des règles qu'ils ne suivent jamais. Fatigués de n'avoir à choisir qu'entre la peste et le choléra pour ne tomber que de Charybde en Scylla. Fatigués d'être toujours considérés comme ignorants, taillable, et corvéable à merci. Ne comprennent-ils pas que notre silence et notre mépris de l'urne ne sont rien d'autre que de l'exaspération, premier signe de la colère ? Un contrat social suppose deux corps respectant mutuellement leur part. Pourquoi le peuple assumerait-il toujours ses engagements, ses devoirs, ses responsabilités, si les élites dirigeantes ne le font pas ?
Le peuple est toujours plein de bon sens : il retrouvera le chemin des urnes, il exprimera à nouveau sa voix démocratique, quand ses institutions et leurs textes fondateurs seront scrupuleusement honorés par ses élus. Je rappelle en tant que président du parti de l’Abstention que c’est là notre seul programme, notre seule volonté…
Mes chers compatriotes, pour les prochaines échéances électorales, n'oubliez pas : «Un choix par défaut est un mauvais choix : Ne pas choisir ; c’est déjà choisir ».
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Pierre-Paul MARTIN.
Président du PDA
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