Dans ce contexte, voici un énième appel. Un nouveau manifeste. Une autre profession de foi. Le Printemps Républicain est là. #printrep. Des intellectuels, des élus, s'insurgent, s'indignent, s'agitent, se regroupent. Le 20 mars. A la Bellevilloise. A Paris. Pour la défense de la laïcité.
J'aurais aimé y trouver un peu plus, dans ce manifeste. Une approche ayant pourquoi pas un peu plus le sens du peuple, pour ne pas dire plus populaire. Les intellectuels s'émeuvent, à juste titre, pour les atteintes à la laïcité, une valeur qui les touche, mais dans ce texte républicain point d'allusion à la misère économique qui, si elle n'explique pas tout et n'excuse rien, aggrave certainement; point d'allusion à l'école qui, si elle est bien menée, est la solution pour un avenir meilleur; point d'allusion à notre Constitution qui, dans son préambule, rappelle nos textes fondateurs, nos principes et devrait être de nouveau notre point de départ ou au moins d'ancrage. Je sais bien que l'on ne peut tout dire dans un tel texte. Mais par les temps présents, il serait sans doute bon de montrer haut et fort que la République c'est un tout. C'est un équilibre de valeurs que l'on doit respecter. Il doit y avoir consensus sur des institutions existant pour nous encadrer et nous protéger. L'Etat est là.
Mais bon. Je suis un simple citoyen. Je ne suis pas avocat. Je ne suis pas professeur d'université. Je ne suis pas essayiste ou chroniqueur. Je ne suis pas journaliste. Je ne suis pas homme de lettres au sens large. Encore moins artiste.
Je ne suis donc pas ce que l'on appelle un intellectuel.
Je ne suis pas un ancien élu et n'aspire pas à le devenir. Je ne me considère pas comme un "acteur de la société civile" parce que je ne comprends finalement pas vraiment ce que peut bien regrouper cette catégorie.
Je suis un simple citoyen. Et c'est en tant que tel que j'ai signé ce manifeste. Après tout, il est vrai que la laïcité est un principe important de notre République et ce serait se voiler la face que de nier les remises en cause qu'il subit.
"Simple"?
Mais pourquoi donc cet adjectif au fait? Pourquoi cet emploi spontané pour qualifier la citoyenneté de ceux qui n'appartiennent pas aux populations énumérées plus haut?
Il n'existe normalement pas de hiérarchie entre les citoyens. Non?
Comment se fait-il que certains se considèrent comme des "simples", des "lambda"? Pourtant leur civisme est irréprochable. Et pas seulement du point de vue électoral. Ils respectent les lois. Ils paient leurs impôts. Ils assurent la survie et l'éducation de leur progéniture. Ils participent au bien-être de la vie en communauté par le biais d'association de toutes sortes. En quoi sont-ils de "simples" citoyens?
Pourquoi ai-je l'impression que ces citoyens sont absents de l'élaboration d'un tel texte, qu'il n'a pas été rédigé pour eux et qu'ils ne seront pas concernés par la suite du projet? Pourquoi ai-je l'impression d'un décalage...? Encore une fois.
Où veut aller ce Printemps Républicain? Un futur parti? Un organisme de surveillance? Une association? Est-ce encore un moyen pour des intellectuels de se soulager la conscience momentanément ? Ne pouvaient-ils pas proposer d'emblée du concret au lieu de rencontres-débats-tables-rondes un dimanche après midi du mois de mars avec un gobelet à la main et le sourire aux lèvres, heureux de se trouver ou de se retrouver entre gens du même monde, au coeur de Paris?
J'ai signé avec le faible espoir que de cette initiative pourrait sortir quelque chose de bon . Parce que j'ai toujours de l'espoir en les causes nobles. Parce que cela ne me coûte rien. Parce que l'espoir c'est peut être tout ce qu'il nous reste, à nous les simples citoyens.
J'espère que, si ces mots tombent par hasard sous les yeux de quelque initiateur du mouvement, il ne s'en offusquera pas et que ne s'abattera pas sur moi son mépris le plus profond. Je ne suis qu'un simple citoyen.
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